Übel Blatt tome 7

Nouvelle rétro-chronique d'Übel Blatt, le manga de dark fantasy d'Etorouji Shiono, avec ce tome 7 qui est en réalité un huitième volet compte-tenu de la numérotation qui démarre par un volume zéro...
Résumé : 
Depuis le ciel de la ville libre, le Comte Barestar contemple un cuirassé volant qu'il pense avoir soustrait à Glenn. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'à bord se trouvent Elsaria et sa troupe : la fille du prince-électeur de l'Empire, qui n'accepte pas la brutalité du Comte à l'égard du petit peuple, a décidé de s'interposer quelles qu'en soient les conséquences. Par ailleurs, Köinzell et Ato s'approchent à dos de dragon, le premier toujours déterminé à éliminer Barestar. Alors que la raison du Comte semble vaciller, ses troupes accepteront-elles de s'interposer entre lui et ses ennemis ? Et les renforts dépêchés par Glenn, arriveront-ils à temps ?
Le volume précédent l'annonçait à mots à peine couverts : Barestar n'est qu'une péripétie dans l'épopée de Köinzell et le récit de son élimination ne pouvait pas occuper plus de temps que nécessaire. Plus que jamais, le Comte apparaît ici comme un pauvre type, en l'occurrence comme un suiviste qui s'est sur le tard découvert une ambition d'arriviste : voleur d'honneur et de gloire il y a vingt ans et voleur de biens aujourd'hui, Barestar a toujours tout fait pour apparaître plus fort et plus sage qu'il ne l'est en réalité. Sa déconfiture est totale, et prend la forme d'un naufrage moral : devant l'épée vengeresse de Köinzell, il se change en épave et dégouline de larmes et d'angoisse mais aussi d'une forme de clairvoyance puisqu'il semble bel et bien l'identifier comme Ascheriit. Le deuxième "boss" de la quête est donc atypique : s'il est difficile d'éprouver pour lui de la compassion - compte-tenu de son parcours et de ses actes - l'hésitation de Köinzell quand il le tient à sa merci est compréhensible... et elle révèle toute l'amertume de cette vengeance qu'il a entreprise.

Si Übel Blatt se limitait à une série de "campagnes" dont chacune trouverait sa conclusion avec l'élimination d'un "boss", le manga s'apparenterait tout à fait à un jeu vidéo sans grande dimension. L'auteur avait donné de l'épaisseur à son oeuvre en forçant Köinzell à coopérer avec des alliés eux-mêmes dysfonctionnels : ce volume est celui où apparaît un antagoniste enfin plus profond que les précédents, quelque peu arrogant mais dont le statut ne colle pas à son talent. Qui est cet Ikfes qui vient défier le semi-elfe une fois que celui-ci a éliminé Barestar ? Pourquoi, compte-tenu de ses capacités, se voit-il affublé du titre bien peu élogieux de "chevalier-esclave" ? A travers cette première confrontation, c'est donc un nouveau mystère qui se dévoile : si la relation entre Ikfes et Köinzell prend d'emblée l'apparence de la compétition, elle ne s'annonce pour autant pas comme doublée de haine... et l'on comprend que ces deux-là n'ont pas fini de se croiser au détour de leurs chemins.

Somme toute, c'est cette rencontre qui rend ce volume presque lumineux : l'élimination de Barestar n'est qu'une répétition de celle de Schtemwöllech, le dernier passage de l'intrigue n'est qu'un prétexte à une extension de la petite troupe des alliés de Köinzell... Et ce qui est nouveau pour le lecteur et pour le semi-elfe, c'est donc bel et bien l'irruption d'un rival. Comment celui-ci va-t-il progresser dans sa propre quête et comment celle-ci va interférer avec le projet de vengeance de Köinzell ? Tels sont les axes qui sous-tendront les prochains tomes d'Übel Blatt, je n'en doute pas...

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