L'Orphelin de Perdide tome 2 : Silbad
Il y a peu, je parlais ici du premier volume de l'adaptation en BD du roman L'orphelin de Perdide de Stefan Wul : signée par Adrián et Régis Hautière, cette adaptation vient de s'enrichir d'un second et dernier tome...
Résumé :
Martin l'escroc est mort, tué par les anciens bagnards de Gamma 10 abandonnés sur place par la compagnie minière qui exploitait la planète... et Belle ainsi que le micro subspacien sont désormais aux mains de leur Maître, un infect poussah photophobe dont le pouvoir totalitaire est appuyé par la seule existence de la Bête qu'il est le seul à pouvoir contrôler. Max va devoir voler au secours de Belle : sans le micro, plus de contacts possibles avec le petit Claudi dont la situation sur Perdide est maintenant plus qu'incertaine... Alors que Silbad, resté à bord du vaisseau, reçoit l'instruction de quitter Gamma 10 dans les vingt-quatre heures si Max ne revient pas et d'aller secourir Claudi, le capitaine contrebandier lui-même va devoir infiltrer les anciennes mines... Max lui-même sera-t-il de taille face à la Bête ?
La planète Perdide se révélait, dans la première partie de cette BD, la tanière d'un écosystème aussi foisonnant que dangereux : Wul décrivait - dans le roman éponyme - ce monde comme étant par nature hostile à la vie humaine, et comme une planète qu'il n'était pas sage de chercher à coloniser sans y engager des moyens presque infinis ; les choix graphiques des auteurs venaient bel et bien rendre justice à cet univers de danger qu'était la Perdide wulienne. Gamma 10 était, toujours dans l'oeuvre de Wul, comme l'autre face de la pièce : un monde désertique voire désolé, peut-être ruiné par une exploitation sans conscience et en tout cas pollué par une présence humaine perverse. Les planètes désertiques ne sont pas inconnues par ailleurs en SF : si le Dune de Frank Herbert est postérieur à L'orphelin de Perdide, la présente adaptation l'est à Dune et il est tentant, très tentant de voir dans la Gamma 10 d'Adrian et Hautière une citation à la planète Arrakis imaginée par Herbert. Le Maître des mineurs prend dans ce contexte une allure de Baron Harkonnen, capable de faire régner la terreur de son pouvoir sans partage à travers un chantage à la survie, puisqu'il maîtrise la ressource la plus précieuse de la planète... qui n'est autre que sa seule source d'eau non polluée !
Toute la richesse du roman de Wul reposait sur sa conclusion : après les péripéties liées au caractère de Martin puis les développements catastrophiques (pour lui) de l'évasion sur Gamma 10, il ne restait plus - pour Max et ses compagnons - qu'à rallier enfin Perdide et à y découvrir la terrible vérité, celle qui donnait son sous-titre au roman (Les maîtres du temps). Cette conclusion que le lecteur de Wul attend, tout comme le spectateur de l'adaptation de Moebius et Laloux, les auteurs de cette BD parviennent à l'amener peu à peu par touches et par allusions : ainsi, à l'étonnante conversation que Max entretient avec l'un des mineurs de Gamma 10, le lecteur attentif comprendra que le contrebandier n'est peut-être pas quand il pense être. Toutefois, cette technique de narration ne suffit pas à dissimuler le fait que les développements de l'intrigue sur Gamma 10 sont longs, très longs, trop longs, comme si les auteurs estimaient devoir faire périr tous les antagonistes rencontrés par Max sur cette planète maudite : Wul ne le faisait pas, offrant même à certains d'entre eux une issue vers un monde plus confortable. Une conséquence déplaisante de ce choix narratif est la rapidité avec laquelle cet album doit se conclure : à l'arrivée sur Perdide, il reste à peine six pages pour dénouer toute l'intrigue et faire la révélation finale. Ce qui faisait toute la puissance de l'oeuvre de Wul - et ce qui faisait la puissance encore plus grande du dessin animé - fait ici long feu : le temps manque au lecteur pour contempler l'abîme que représente l'énigme temporelle de L'orphelin de Perdide, celle qui veut que le naufragé accomplisse et manque à la fois son propre sauvetage...
Malgré ses promesses graphiques et scénaristiques, cet album conclut donc assez mal un diptyque prometteur... Quel dommage !
Toute la richesse du roman de Wul reposait sur sa conclusion : après les péripéties liées au caractère de Martin puis les développements catastrophiques (pour lui) de l'évasion sur Gamma 10, il ne restait plus - pour Max et ses compagnons - qu'à rallier enfin Perdide et à y découvrir la terrible vérité, celle qui donnait son sous-titre au roman (Les maîtres du temps). Cette conclusion que le lecteur de Wul attend, tout comme le spectateur de l'adaptation de Moebius et Laloux, les auteurs de cette BD parviennent à l'amener peu à peu par touches et par allusions : ainsi, à l'étonnante conversation que Max entretient avec l'un des mineurs de Gamma 10, le lecteur attentif comprendra que le contrebandier n'est peut-être pas quand il pense être. Toutefois, cette technique de narration ne suffit pas à dissimuler le fait que les développements de l'intrigue sur Gamma 10 sont longs, très longs, trop longs, comme si les auteurs estimaient devoir faire périr tous les antagonistes rencontrés par Max sur cette planète maudite : Wul ne le faisait pas, offrant même à certains d'entre eux une issue vers un monde plus confortable. Une conséquence déplaisante de ce choix narratif est la rapidité avec laquelle cet album doit se conclure : à l'arrivée sur Perdide, il reste à peine six pages pour dénouer toute l'intrigue et faire la révélation finale. Ce qui faisait toute la puissance de l'oeuvre de Wul - et ce qui faisait la puissance encore plus grande du dessin animé - fait ici long feu : le temps manque au lecteur pour contempler l'abîme que représente l'énigme temporelle de L'orphelin de Perdide, celle qui veut que le naufragé accomplisse et manque à la fois son propre sauvetage...
Malgré ses promesses graphiques et scénaristiques, cet album conclut donc assez mal un diptyque prometteur... Quel dommage !
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