Le mystère de la femme sans bras
Ce texte court d'Hervé Jubert s'inscrit dans l'univers de Blanche, un roman se déroulant pendant le siège de Paris en 1870-1871 : il était pour moi l'occasion de découvrir un auteur dont j'ignorais tout.
Résumé :
Blanche a dix-sept ans, elle vit à Paris chez son oncle, commissaire de police de son état... et participe à ses enquêtes alors même que la guerre fait rage. Voici qu'un jeune homme, un peintre s'appelant Henri, vient solliciter son oncle pour une affaire ahurissante : on a enlevé la Vénus de Milo ! Le commissaire n'est pourtant pas disponible : un tueur en série semble sévir dans Paris assiégé... Alors, c'est Blanche qui va mener enquête, sans se douter qu'il existe un lien entre les deux affaires...
En 1837, Prosper Mérimée publiait sa fameuse nouvelle La Vénus d'Ille : texte fantastique teinté d'horreur, cette histoire sinistre proposait à son lecteur de tirer lui-même les conclusions qui s'imposaient dans le cadre d'un meurtre inexpliqué. Il m'est difficile de penser qu'Hervé Jubert n'a pas lu lui-même cette nouvelle et décidé de lui rendre en quelque sorte un hommage : la Vénus de Milo se montre dans cette histoire-là tout aussi meurtrière que celle d'Ille, sans être toutefois aussi démoniaque - après tout, le maléfice raconté par Mérimée persistait après la fonte de la statue ! Le fantastique semble ici plus proche dans son traitement de celui d'un épisode des X-Files : c'est un fantastique non-borgésien, c'est-à-dire qui se greffe à la réalité, ce qui en gêne l'interprétation et surtout l'identification par les personnages, Blanche elle-même se laissant piéger jusqu'à la fin...
L'astuce narrative sur laquelle repose la conclusion ne manque pas de faire sourire et permet d'apprécier le portrait du terrifiant siège de Paris, portrait duquel émergent des personnages truculents à commencer par celui de la vieille femme qui entretient une véritable arche de Noé dans son logement... Le temps fictionnel était toutefois trop court pour permettre une véritable exploration de la dimension historique de l'intrigue : on lui préférera donc bel et bien sa dimension fantastique, laquelle est inquiétante et pourtant marrante, formant ainsi un cocktail pas déplaisant.
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