Les Sept Jours où le monde fut pillé

Voici un livre qui m'a été offert par l'ami Jim Barnett, animateur truculent et toujours pertinent des soirées VHS de Lyon : son auteur russe apparenté à un certain Léon a publié quelques textes de SF, dont celui-ci qui - ainsi qu'on va le constater - peut être qualifié de conte...
Résumé : 
Au début des années 30, Ignace Rough rassemble quatre autres hommes d'affaires : ils vont former l'Union des Cinq, une véritable association de malfaiteurs déterminés à prendre possession du monde ! Et comme ils ne sont pas assez riches pour tout acheter, voilà qu'ils s'apprêtent à monter le plus extraordinaire délit d'initié de toute l'Histoire de la finance mondiale... Décrocher la Lune des cieux peut-il être une garantie de succès dans leur entreprise néfaste ?
Ecrit en 1925, soit donc après le retour d'Alexeï Tolstoï dans son pays devenu depuis peu l'Union soviétique, ce roman constitue - quatre ans avant la crise de 1929 - une critique féroce de l'appétit inextinguible de la finance. L'économie d'accaparement se porte bien puisque Rough et ses alliés commencent par mettre la main sur une île à l'écart du monde, y déportent ouvriers chinois, contremaîtres américains et prostituées d'origine inconnue, y font construire par un ingénieur dévoyé des bombes interplanétaires et manigancent rien de moins qu'une panique mondiale destinée à faire s'effondrer les cours de la Bourse. La cible de leur complot n'est autre que la Lune, objet d'intérêt des poètes et autres rêveurs : dans le monde que cherchent à construire les escrocs de l'Union des Cinq, il n'y a pas de place pour le rêve et l'imagination, leur projet politique étant celui de la mise au travail de chacun - et de la destruction de ceux qui n'auraient pas ou plus de place dans la machine.

L'espèce humaine, pourtant, a plus d'un tour dans son sac : la chose est étonnante, mais la solution ne provient pas des républiques soviétiques mentionnées en passant dans le texte... En effet, le capitalisme prédateur incarné par Rough et les autres membres de l'Union des Cinq ne triomphe pas longtemps, les gens trouvant de belles façons de ménager sa place à un imaginaire et à une poésie qui ne peuvent - ne veulent - pas disparaître... mais sa défaite n'est pas le fait d'une révolution telle que celle qu'avait connue la Russie quelques années plus tôt : c'est un peu comme si, au yeux de l'auteur, le capitalisme était en réalité son pire ennemi et que sa victoire n'était jamais que la semence de sa défaite. En ce sens, Les Sept Jours où le monde fut pillé peut en effet s'interpréter comme un conte : à quoi bon conquérir le monde par la force et la peur... si ce dernier apprend par la suite les vertus de la résistance passive ?

Commentaires

TmbM a dit…
De la science-fiction rétro à tendance libertaire, j’ai adoré !
Anudar a dit…
C'est en effet un cocktail des plus intéressants. J'en garderai un très bon souvenir.