Übel Blatt tome 19
Après une longue série de rétro-chroniques, j'ai repris le fil des articles au sujet d'Übel Blatt, cette série manga de dark fantasy que je suis depuis avant le début de ce blog. A la date de parution de cet article, cela fait environ un an et huit mois que cette chronique était en souffrance.
Résumé :
L'Empereur est mourant, frappé par son propre fils - ou en tout cas, par la créature qui croit être Glenn - et Ascheriit comme Ikfes ont vu leurs "ailes noires" brisées par la supériorité de l'ancien leader informel des "Sept Héros". L'Empire est au bord du chaos : les atroces armées de mutants aux ordres de Glenn sont partout - et son château volant, citadelle de maléfices et de pouvoir sans partage, a trouvé l'emplacement qui en fera la capitale d'un royaume renouvelé. Pourtant, les derniers chefs de l'Empire n'ont pas encore plié le genou : Elsaria prend en charge le commandement suprême et appelle auprès d'elle Köinzell, devenu le Comte Ascheriit, pour diriger la contre-offensive... A l'Est, les armées impériales font face à très forte partie : Elsaria et Köinzell trouveront-ils un moyen de leur envoyer des renforts à temps ? Et Ikfes et Köinzell, les deux Blattmeisters de l'Empire, trouveront-ils un moyen de contrer la supériorité à l'épée de Glenn ?
Le précédent volume achevait de faire basculer Köinzell dans le camp des alliés de l'Empire : la chose est désormais officielle, puisque l'Empereur lui accorde son retour en grâce et lui donne une dernière consigne - à savoir arrêter Glenn. La vengeance du semi-elfe se confond désormais avec la politique officielle de l'Empire, avant même que celui-ci ne soit gouverné par une régence incertaine... C'est donc une nouvelle "quête secondaire" qui s'achève pour Köinzell : les "Sept Héros" sont a posteriori reconnus comme des traîtres, alors que les quatre "lances de la trahison" se voient au contraire et désormais reconnues comme les véritables héros de la précédente guerre contre Wischtech. Cela signifie que le conflit auquel participe maintenant Köinzell est celui du bon droit et de la justice contre le mensonge : à la tête d'une armée impériale, il occupe le poste qui aurait dû être le sien depuis le départ. On est ici très loin du rebelle qui parcourait les marches frontières de l'Est en cherchant un moyen d'atteindre les "Sept Héros" aimés par un Empire tout entier : c'est une mutation que je trouve méritée, mais aussi pas si invraisemblable compte-tenu du modèle choisi par Etorouji Shiono pour construire Übel Blatt... Après tout, le Saint-Empire romain germanique dont semble s'inspirer l'Empire dont il est question ici n'était-il pas une véritable mosaïque politique propice aux escamotages d'individus gênants ?
A contrario, Glenn rompt le dernier lien qui l'unissait à l'Empire en abattant son propre père : s'il était d'ores et déjà un rebelle déclaré, le voici affirmant son indépendance et son désir de transformer le système politique duquel il est issu. L'Empire est une monarchie élective où les pouvoirs s'équilibrent et où l'Empereur n'est au fond pas beaucoup plus qu'un symbole. On est ici très loin du pouvoir beaucoup plus absolu que Glenn semble avoir toujours cherché, comme en témoigne son histoire personnelle : d'abord à la poursuite de l'adulation des foules, puis à la construction d'une suprématie militaire avant de s'employer à bouleverser l'équilibre traditionnel des pouvoirs, le chemin de l'ancien Marquis est celui d'un hybris toujours plus dévorant. Cet hybris politique se double par ailleurs d'une volonté acharnée d'évasion de la condition humaine : à ce stade, il e semble plus être tout à fait humain, et la guerre civile qu'il conduit s'apparente plus à l'Armagueddon qu'à la Guerre de Trente Ans ! C'est ainsi qu'il convient d'interpréter en effet les scènes de bataille dantesques du dernier tiers de ce volume : l'auteur est entré de toute évidence dans la phase finale de son oeuvre et il cherche à nous offrir un véritable feu d'artifice. Reste à savoir si l'effet sera réussi et quelle conclusion viendra couronner tout l'édifice...
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