The Fold
Il y a quelques années, je découvrais Peter Clines et son 14 : un roman typé fantastique dont l'univers m'avait semblé trop grand pour ses dimensions - ce qui, d'ordinaire, semble indiquer la possibilité d'une suite ou au moins d'une réutilisation. Ayant découvert il y a peu de temps que l'auteur avait en effet choisi de revenir à cet univers, je n'ai pas été long à me pencher sur The Fold, le second volume de la série intitulée Threshold...
Résumé :
Mike possède un talent rare : celui d'une mémoire aussi parfaite qu'involontaire, qui lui permet de retenir d'un bref regard le contenu d'une page toute entière. Sa facilité d'apprentissage et son intelligence auraient pu lui permettre d'accéder à des charges enviées - mais il se satisfait de n'être qu'un simple professeur de lycée. Jusqu'au jour où son vieil ami Reggie, après des années de tentatives infructueuses, parvient à le persuader de travailler pour lui en tant que contractuel : un projet des plus secrets, porté par la DARPA, réclame une reconduction de son financement - mais ses responsables refusent de révéler quelque élément que ce soit avant d'avoir terminé leurs tests. Eberlué, Mike découvre que le projet en question n'est rien d'autre qu'un trou de ver fonctionnel ! Pourtant, Reggie semble méfiant : quelque chose ne tourne pas rond dans l'équipe en question, et il a besoin du regard affûté de son ami pour l'aider à prendre la bonne décision. Mike lui-même sera-t-il capable de comprendre le danger qu'implique l'existence de la Porte ? Et surtout... pourra-t-il le faire sans se retrouver changé à tout jamais ?
Comme dans 14, l'auteur se propose de raconter ici une histoire dont l'argument trouve ses racines dans la science folle de la "Belle Epoque" et qui s'exprime avec force horreurs venues d'autres dimensions. La "Porte" joue ici le rôle de l'immeuble Kavach : le plus surprenant avec celui-ci, c'était que les loyers n'y coûtaient rien... et ici, le plus surprenant est que les physiciens, les ingénieurs et les informaticiens qui contrôlent - ou croient contrôler - la "Porte" ne comprennent pas le fonctionnement de leur création. Comme dans 14 encore, l'horreur s'infiltre dans le récit avant de s'y manifester pour de vrai : les bizarreries qui gênent Reggie et justifient l'envoi en mission de Mike s'expliquent bien entendu par un effet pas si secondaire de la physique à l'oeuvre derrière la "Porte". Et comme dans 14 toujours, de nombreuses fausses pistes conduisent les personnages au bord de la catastrophe... avant de les amener à faire un grand pas en avant ! De ce fait, il est difficile de ne pas lire The Fold comme un reboot - pour ne pas dire un remake - de 14 : cela se passe dans un univers commun, l'histoire suit la même structure et la conclusion est pour ainsi dire identique. C'est pourtant, plus que l'imagination à l'oeuvre ici, la narration qui se révèle problématique : je suis attaché à une règle non écrite, celle qui consiste à confier le point de vue à un personnage bien défini pendant une unité fictionnelle bien identifiée - qu'il s'agisse d'un chapitre, d'un ensemble de chapitres ou du texte tout entier. Ici, Mike se taille la part du lion dans le temps de point de vue puisqu'il le possède toujours ou presque - mais l'auteur visite parfois celui d'autres personnages... ce qui ne me dérangerait pas si ces changements étaient moins rares et plus équilibrés : ils ne permettent pas de faire de The Fold un roman choral et donnent tout au plus une impression d'arrière-pensée.
Redite à la narration boîteuse, The Fold est malgré tout sauvé - à défaut d'être rattrapé - par quelques bonnes idées. La première, c'est bien sûr le personnage hors normes de Mike dont le talent relève en réalité plus du handicap que d'autre chose. Il faut reconnaître que malgré les difficultés qu'impliquent une mémoire aussi peu maîtrisable que la sienne, le personnage est bel et bien le seul à pouvoir identifier le danger que représente la "Porte" : il s'agit d'accumuler des expériences visuelles et de les confronter aux nombreux rapports afin d'y trouver les détails qui posent question. En ce sens, Mike est bel et bien un héros pour ne pas dire un super-héros ! Ce statut qui est sous-entendu depuis le début du roman trouve à se concrétiser lors des séquences finales, horrifiantes à souhait - de celles qui, voulues par le genre lui-même, conduisent les personnages à se demander si leur monde peut encore être sauvé... voire conduisent le lecteur à se demander comment l'auteur va bien pouvoir se tirer de la nasse qu'il a lui-même construite ! La seconde bonne idée, c'est la nature même de cette "Porte" qui n'est pas un simple téléporteur tout droit sorti de La Mouche. Dans 14, Peter Clines imaginait l'existence d'un monde parallèle presque stérile car épuisé, où les rares formes de vie encore présentes sont monstrueuses et dominées par d'épouvantables prédateurs : il propose ici un système d'univers multiples parmi lesquels le nôtre correspondrait à un optimum et qui, de ce fait, intéresserait des entités d'ordre supérieur déterminées à y trouver leur subsistance après avoir épuisé le suc d'un autre. En quoi la "Porte" peut-elle faciliter le travail de ces êtres qu'il vaut mieux ne pas laisser entrer dans notre réalité si confortable ? L'irruption des fameux cafards verts fluo à sept pattes déjà entrevus dans 14 pourra sans doute servir d'indice aux lecteurs les plus portés à la compréhension en avance - et donc de jouer au jeu joué par Mike, à leur niveau.
Bien que moins bon que son prédécesseur, The Fold peut donc être une occasion indolore et pas déplaisante d'en revenir à l'oeuvre de Peter Clines. La prochaine itération de la série, semble-t-il, propose au lecteur d'explorer le futur, la lune et une histoire de zombies : je ne suis pas certain a priori qu'elle soit tout à fait indispensable.
Redite à la narration boîteuse, The Fold est malgré tout sauvé - à défaut d'être rattrapé - par quelques bonnes idées. La première, c'est bien sûr le personnage hors normes de Mike dont le talent relève en réalité plus du handicap que d'autre chose. Il faut reconnaître que malgré les difficultés qu'impliquent une mémoire aussi peu maîtrisable que la sienne, le personnage est bel et bien le seul à pouvoir identifier le danger que représente la "Porte" : il s'agit d'accumuler des expériences visuelles et de les confronter aux nombreux rapports afin d'y trouver les détails qui posent question. En ce sens, Mike est bel et bien un héros pour ne pas dire un super-héros ! Ce statut qui est sous-entendu depuis le début du roman trouve à se concrétiser lors des séquences finales, horrifiantes à souhait - de celles qui, voulues par le genre lui-même, conduisent les personnages à se demander si leur monde peut encore être sauvé... voire conduisent le lecteur à se demander comment l'auteur va bien pouvoir se tirer de la nasse qu'il a lui-même construite ! La seconde bonne idée, c'est la nature même de cette "Porte" qui n'est pas un simple téléporteur tout droit sorti de La Mouche. Dans 14, Peter Clines imaginait l'existence d'un monde parallèle presque stérile car épuisé, où les rares formes de vie encore présentes sont monstrueuses et dominées par d'épouvantables prédateurs : il propose ici un système d'univers multiples parmi lesquels le nôtre correspondrait à un optimum et qui, de ce fait, intéresserait des entités d'ordre supérieur déterminées à y trouver leur subsistance après avoir épuisé le suc d'un autre. En quoi la "Porte" peut-elle faciliter le travail de ces êtres qu'il vaut mieux ne pas laisser entrer dans notre réalité si confortable ? L'irruption des fameux cafards verts fluo à sept pattes déjà entrevus dans 14 pourra sans doute servir d'indice aux lecteurs les plus portés à la compréhension en avance - et donc de jouer au jeu joué par Mike, à leur niveau.
Bien que moins bon que son prédécesseur, The Fold peut donc être une occasion indolore et pas déplaisante d'en revenir à l'oeuvre de Peter Clines. La prochaine itération de la série, semble-t-il, propose au lecteur d'explorer le futur, la lune et une histoire de zombies : je ne suis pas certain a priori qu'elle soit tout à fait indispensable.
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