The New Martian Way

Cette nouvelle de Brendan DuBois est disponible dans le numéro de Mars/Avril 2019 de la revue Analog SF.

Résumé : 

Pour Luke Holman, Sarah Tasker n'est pas une simple supérieure hiérarchique... A des millions de kilomètres de la Terre et des commanditaires de la mission, elle n'est autre que la Reine de Mars, investie des pouvoirs qui permettront la survie et le travail des premiers occupants de la planète rouge. La petite colonie vient de connaître son premier décès : dans un avant-poste, l'un des géologues de la base scientifique est rapporté mort au cours d'une AEV. Les circonstances sont assez étonnantes pour que Sarah envoie Luke mener enquête sur place, dans un abri à l'ambiance... irrespirable. Alors que Luke suspecte les deux collègues du géologue décédé, que pourra-t-il faire si ses pires soupçons se vérifient ?

L'Enfer, c'est les autres, ainsi que Sartre le faisait dire à l'un des personnages de Huis clos. L'être humain est un animal social qui apprécie la présence du troupeau à proximité - on se sent toujours plus en sûreté quand les autres ne sont pas trop loin - mais qui apprécie aussi la dimension solitaire de son intellect - que l'autre s'introduise dans la fameuse sphère de l'intimité peut suffire à le rendre désagréable voire menaçant. La Terre est vaste et il est toujours possible de s'isoler des autres quand on en a besoin, ou au contraire d'aller s'immerger parmi eux lorsqu'on en a envie - voire même aller se perdre dans le troupeau si ce paradoxe devient nécessaire ! Mais qu'en est-il dans l'espace confiné d'une station martienne, alors que pour s'isoler il faut se harnacher d'une combinaison spatiale et que s'extraire du carcan social revient à s'enfermer dans une boîte de conserve articulée ? C'est ainsi que la folie guette. Un groupe de trois individus est l'une des combinaisons les plus délicates à rendre fonctionnelles : trois, c'est deux plus un - c'est-à-dire, un individu contre deux autres. Parfois, c'est l'alliance des deux qui tient à distance l'individu isolé alors que parfois, c'est lui qui contraint les deux autres à se liguer contre lui : on ne dira pas quel cas est proposé ici - même s'il devient évident au bout d'un moment que les torts ne sont pas tout à fait partagés !

La sphère de l'intimité n'est pas inviolable, y compris sur Terre, et parfois l'autre s'y impose de diverses façons. La violence physique est la plus connue et ce type d'intrusion appelle souvent la violence en retour - qui sans être acceptable ou acceptée se voit amoindrie par les circonstances atténuantes. D'autres intrusions au sein de la sphère de l'intimité peuvent survenir : l'autre peut s'immiscer dans une conversation qui sans être privée ne le concerne pas ; il peut aussi, par son seul comportement, répugner au point de rendre la vie difficile voire impossible à sa victime. Sur Terre, il suffit alors de se détourner ou s'éloigner pour se soustraire à la présence insupportable de l'autre - des échappatoires qui ne peuvent convenir à l'environnement confiné d'une base martienne. Que faire si l'autre persiste alors dans ses offenses ? La "nouvelle voie martienne" cherche à prendre en compte le caractère nouveau de l'installation humaine sur la planète rouge pour définir des modalités sociales appropriées. Par hasard, Luke et Sarah vont découvrir que sur Mars la sphère de l'intimité mérite bien d'être sacralisée - fût-ce au prix d'une vie humaine, dépensée pour que tout le monde comprenne qu'ici les règles ne sont pas les mêmes que sur Terre et que celui qui là-bas ne serait qu'un pauvre type n'est jamais ici qu'un agresseur à part entière...