Amazonie tome 5
Avec ce cinquième tome, le cycle (ou la saison) Amazonie de la série Kenya trouve sa fin. Toute la question était de savoir comment au juste ses auteurs - Leo, Rodolphe et Marchal - allaient pouvoir nouer tous leurs fils d'intrigue...
Résumé :
C'est sur un bras mort d'un affluent de l'Amazone que Kathy trouve enfin le fameux sous-marin allemand associé à l'énigmatique individu à la tête difforme autrefois sujet d'expérience pour des médecins dévoyés. Elle et Delio y découvrent des lingots d'or tout droit sortis des ruines du Troisième Reich... mais aussi un inquiétant ermite qui les enferme dans une cale ! Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le "monstre" peut-être extraterrestre est en train de conduire les deux derniers survivants de l'expédition nazie vers le sous-marin : l'un des deux cherche l'or et n'a aucun scrupule à supprimer ceux qui se tiennent sur sa route... Y a-t-il un lien entre ces événements, le crash de Roswell et le mystérieux minéral que les Américains ont dissimulé dans un bunker sans issue en plein désert texan ?
On le sait, la série Kenya postule la présence sur Terre d'êtres extraterrestres dont les manifestations intriguent toutes les grandes puissances de la décennie 40. Alors que l'Allemagne nazie est vaincue et que ses évadés cherchent des façons de dissimuler leurs crimes tout en vivant dans le confort, les vainqueurs disposent de temps pour s'intéresser au phénomène OVNI. A ce titre, le cycle Amazonie proposait d'explorer à travers ses deux fils d'intrigue autant d'axes d'interprétation paranormale de ces faits inexpliqués : présence de mutants ou de monstres humains aux pouvoirs psychiques et intervention extraterrestre. L'enjeu de ce dernier album était d'expliquer quel dosage permettait de marier les deux hypothèses, en un final qu'il était légitime d'espérer éblouissant.
Force est de constater qu'au contraire des quatre précédentes livraisons, cet album déçoit. Sa qualité graphique n'est pas critiquable, car elle est tout à fait au niveau de ses prédécesseurs. Son ambiance générale non plus : elle restitue assez bien celle d'une époque dangereuse, trouble et inquiète après le fracas du second conflit mondial. Non, ce qui pèche, c'est l'absence de cette convergence attendue entre les deux fils d'intrigue - et donc, entre l'enquête amazonienne de Kathy et l'enquête vampirique des deux gentlemen de la Bram Stoker Society. Le lien entre les deux a en fait été dévoilé bien avant dans le récit : au terme de cet album, les deux jeux de personnages ne disposent pas des éléments nécessaires pour résoudre l'énigme, si bien que le lecteur seul peut le faire ; or, il était déjà en mesure de le faire au plus tard depuis le quatrième tome.
Dans ces conditions, quelle est la fonction de celui-ci ? De toute évidence, il s'agit pour les auteurs de récompenser les gentils et de châtier les méchants : comme dans un film de fiction historique, on peut trouver un certain intérêt (voire de la satisfaction !) à constater les fins ignominieuses que rencontrent les nazis - mais je ne crois pas que celles-ci puissent être l'objet principal d'un album de BD ni, a fortiori, celui d'une pentalogie... Ou alors, cela signifie que le doux monstre Joachim est appelé à jouer un rôle dans de futures livraisons de la série Kenya : il faudrait alors interpréter Amazonie comme un cycle de transition, destiné à orienter l'ensemble dans une direction nouvelle, et ne pouvant donc pas se suffire à lui-même et encore moins agir en tant que conclusion pour le lecteur lassé.
Quelles que soient les intentions des auteurs d'Amazonie, le fait est que cet album n'atteint pas ses objectifs et n'apporte pas au cycle la conclusion qu'il appelait. Même les meilleurs peuvent se tromper, parfois : il est plus rare néanmoins de les voir, au fond, manquer leur sujet...
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