Bicycle Girl
Tade Thompson, l'auteur du peu indispensable Rosewater, apparaît au sommaire de l'Anthologie officielle des Utopiales 2019 dont il a écrit la sixième nouvelle.
Résumé :
Le professeur Aloy est dans de sales draps : la police nigériane le retient dans un cul-de-basse-fosse dont il ne sort que pour des interrogatoires musclés qui confinent à la torture. Le crime dont il est accusé n'est autre que celui de purification ethnique : on lui reproche d'avoir fait disparaître plus de mille yorubas, un village tout entier ! Tout ce qu'il sait quant à lui, c'est qu'un jour une adolescente a frappé à la porte de son bureau et l'a mis sur la trace d'une étrange machinerie qu'un chercheur en physique quantique anglais avait construite quatre-vingt-ans plus tôt... Que s'est-il passé au juste ?
On retrouve dans cette nouvelle un peu de l'ambiance trash de Rosewater : la violence de cette société n'est pas du tout policée par la haute technologie, la saleté organique de certains lieux décrits se fait odorante jusque dans le texte et les non-dits d'une Afrique bien mal décolonisée mettent mal à l'aise ainsi qu'il se doit. Ces éléments sont hélas tout ce qui fait l'intérêt de Bicycle Girl car en réalité, l'intrigue science-fictive qui leur est associée se révèle fort peu à la hauteur.
Que s'est-il passé dans ce village nigérian éloigné de tout ? Un physicien fou y a-t-il jadis construit une machine à voyager entre les mondes parallèles ou bien s'y est-il joué quelque monstrueux crime ? La prolifération de l'informatique embarquée, l'échec d'une certaine vision de la conquête spatiale, ne viennent en aucun cas soutenir cette question dont l'intérêt lui-même semble vague.. Si le rebondissement final se veut plus lumineux que le développement de cette histoire, il ne suffit pas à l'éclairer du jour qu'il aurait fallu. Tant pis !
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