Luxley tome 2 - Sainte Inquisition

Continuons à parler de Luxley, la BD uchronique scénarisée par Valérie Mangin !
Résumé : 
Vucub-Noh, gouverneur Inca du royaume de France, doit désormais composer avec sa vision obscurcie. Robin Luxley s'est échappé en compagnie du roi Louis et rassemble des rebelles dans les impénétrables forêts de la région. Sous le couvert de son influence occulte, son armée parvient à déjouer les plans des occupants d'outre-Atlantique et même à récupérer les regalia français : l'épée de Charlemagne, l'oriflamme de Saint-Denis et la couronne du sacre... Mais revenu au camp, voici que le Saxon le découvre investi par une troupe entière de moines en blanc : la Sainte Inquisition, missionnée par le pape Innocent III en personne, est venue enquêter sur les rebelles car seuls des chrétiens sans tache pourront espérer l'emporter sur les païens... Quel jeu joue l'Inquisiteur ? Luxley saura-t-il protéger le roi Louis ?
On devra pardonner d'emblée à cet album une entorse à la vérité historique : l'Inquisition est apparue au XIIIème siècle, soit donc à une époque un peu postérieure à celle où Luxley est censé vivre et agir. Par ailleurs, elle a été formée dans un contexte bien différent où il s'agissait d'imposer l'orthodoxie chrétienne dans une société féodale où les minorités religieuses étaient en train de disparaître : son but était d'extirper l'hérésie au sein d'une majorité, non de l'extirper de rebelles à un pouvoir infidèle. C'est en ce sens que la bizarrerie qui consiste à faire apparaître l'Inquisition à la fin d'un XIIème siècle alternatif trouve une justification en contexte : les moines envoyés par le pape affaiblissent les rebelles en semant la discorde et en faisant douter chacun de son compagnon d'armes. L'album se révèle donc plus inquiétant que le précédent : après les maléfices du devin Vucub-Noh, Luxley se voit aux prises avec le poison du doute et de la trahison...

Comment s'affronter à un ennemi doué de prescience ? La solution la plus évidente consiste à être prescient soi-même - et c'est l'un des arguments du Cycle de Dune - car si l'on est capable de voir à travers les brumes de la probabilité, on est capable de voir aussi ce que l'autre voit et donc de modifier cette vision pour lui dissimuler ce qu'il doit ignorer. Dans cette lutte entre devins - l'un d'entre eux ayant été formé à cette tâche alors que le talent de l'autre est survenu de façon inattendue - c'est Vucub-Noh qui semble être le plus désavantagé : il compte sur sa prescience au point de la confondre avec la réalité, un peu comme Paul devenu aveugle découvrait avec stupéfaction la naissance de jumeaux alors qu'il n'attendait qu'une fille, et finit de ce fait par se retrouver acculé au désastre. Une autre voie pour le gouverneur Inca, peut-être plus prometteuse même si moins originale, est celle de la trahison : si les probabilités deviennent illisibles, alors il peut être pertinent de semer le trouble chez l'ennemi - sans compter qu'il est parfois plus élégant d'atteindre un objectif avec des méthodes classiques...

Le second volet de cette série confirme donc son intérêt et son originalité. Reste à voir comment les prochains albums vont amener la confrontation entre Vucub-Noh et Luxley !

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