Sans nouvelles de Gurb


Cela fait plusieurs années que j'évoque ici, de temps en temps, ce titre fameux d'Eduardo Mendoza : il est temps je crois de lui faire un sort...
Résumé : 
Que font deux extraterrestres dont la soucoupe se pose dans un quartier périphérique de Barcelone ? Afin de rester incognito, ils s'empressent d'utiliser les ressources intellectuelles et techniques supérieures dont ils disposent - et c'est ainsi que Gurb le copilote est envoyé en reconnaissance par son supérieur hiérarchique sous les traits de l'être humain dénommé Madonna... Quelques heures plus tard, sans nouvelles de Gurb, le capitaine du vaisseau prend la décision difficile de partir à sa recherche. Il ne sait pas encore à quel point la vie des êtres humains, en apparence si simpliste, va se révéler difficile à comprendre mais pourtant riche en plaisirs insoupçonnés...
Eduardo Mendoza aime Barcelone d'un amour vache : bon nombre de ses romans s'y déroulent, ses personnages truculents s'étioleraient si on les en faisait sortir... mais il ne manque jamais une occasion de pointer sa saleté organique voire fécale, son bruit et même le caractère épouvantable de ses habitants qui - bien qu'attachants - n'oublient pas d'être magouilleurs, superficiels et vulgaires... Lâcher un extraterrestre dans pareille jungle urbaine pouvait être l'occasion d'une hilarante satire : c'est du Mendoza, et donc c'est réussi.

Dans Sans nouvelles de Gurb, l'extraterrestre pose un regard naïf sur une société humaine que le lecteur - par son intermédiaire - se met à contempler de façon désabusée : sommes-nous pour de vrai ces êtres médiocres, capables de tolérer au quotidien les arnaques, les combines et la pollution ? Le reflet dans le miroir tendu par l'extraterrestre est d'autant moins flatteur que chaque page contient au moins un détail qui sera familier : une émission radio débile, un employé peu avenant, un magazine hors d'âge dans une salle d'attente... Mais tout en faisant ce portrait corrosif d'une humanité pas très intéressante, Mendoza montre avec efficacité que c'est sa médiocrité elle-même qui finit par séduire l'extraterrestre...

Certes, l'humanité chez Mendoza n'est pas souvent reluisante, mais c'est parce qu'elle ressemble à la vraie, sans approximation. Et c'est pour ça que son portrait, au fond, est si réussi...

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