The Promised Neverland tome 16

Il y a quelques semaines paraissait le tome 16 de la série The Promised Neverland, que je suis depuis plusieurs mois...
Résumé : 
Emma et Ray sont perdus dans un labyrinthe : plus que jamais, la créature qui se trouve au-delà des "sept murs" semble insaisissable... Or, le temps presse : leur ami Norman, devenu le "Boss", est déterminé à éliminer tous les démons de la planète - y compris Sonju et Mujika, les démons errants qui ont aidé les évadés de Grace Field au tout début de leur cavale. Pour concilier liberté avec moralité, il faudrait que les êtres humains négocient une nouvelle "promesse" avec le maître des "sept murs". Or cette créature est joueuse, et elle réclame toujours son dû quand elle promet : l'être humain qui a jadis précédé Emma et conclu la "promesse" ignoble à l'origine du système des fermes en sait quelque chose... lui dont la trahison a coûté double prix. Alors que Norman dépêche des assassins aux trousses de Sonju et Mujika, le désir entretenu par Emma de sauver les deux espèces rivales semble plus que jamais inaccessible... ou alors, à quel prix ?
La question était posée, depuis le début de la série, des origines de ce monde anormal où l'être humain n'est qu'une proie : plusieurs éléments suggéraient que des traîtres à l'humanité y avaient pris part - et l'évocation d'un passé reculé, dans ce volume, vient offrir une confirmation sinistre à ces impressions. Parfois, au cours d'un conflit existentiel, certains individus traumatisés par la violence peuvent-ils décider que tout compte fait mieux vaut acheter la paix plutôt que de la conquérir. Entre compromis et compromission, la limite est parfois floue... mais ici, les ancêtres des collaborateurs ont fait le choix manifeste du renoncement et de la trahison. L'exemple offert à Emma, qui découvre ce passé en même temps que le lecteur, a de quoi la faire frémir : compte-tenu de ce qu'elle sait de son propre monde et surtout de la biologie des prédateurs qui le dominent, elle a conscience que la "promesse" qu'elle va conclure aura un prix tout aussi élevé pour elle que pour son très lointain prédécesseur. Et qui peut-elle trahir dans cette histoire ?

Une autre voie pourrait être celle de la mutation, qui permettrait aux prédateurs de s'affranchir de la nécessité biologique et donc de séparer pour de bon le monde humain du leur : cette option a été autrefois écartée, pour des raisons politiques, par leurs propres chefs... et elle semble l'être aussi par Norman dont l'intelligence ne peut l'intégrer à la résolution du problème. La fracture intellectuelle entre lui et ses deux amis semble consommée : fondée sur des expériences de vie traumatisantes mais très différentes, elle ne donne pas encore lieu à un conflit mais pourrait bien en accoucher, comme en témoigne la conspiration que les seconds d'Emma et Ray - évadés de Grace Field eux aussi et donc, attachés aux "démons mutants" qui les ont protégés autrefois - mettent en oeuvre au sein même du safari décidé par le "Boss". Les auteurs avaient montré jusqu'ici à quel point les prédateurs mais aussi leurs collaborateurs pouvaient être dépeints en nuances de gris : on découvre ici que les évadés du système des fermes peuvent être eux-mêmes ambigus.

L'ensemble de ces incertitudes relance bien sûr l'intérêt du manga, même si l'on peut craindre que de trop nombreux rebondissements pourraient retarder le cycle final qui se préfigure. La leçon de The Promised Neverland a toujours été pertinente: il serait dommage que sa prolongation au-delà du nécessaire lui fasse perdre cette qualité.

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