La Mémoire de l'Univers

La cinquième nouvelle de l'Anthologie des Utopiales 2020 est signée Nicolas Martin.
Résumé : 
Le narrateur est un jeune physicien de talent, qui a l'habitude de "doper" ses capacités avec des substances de synthèse... Lui et son amant Felipe, lui-même chercheur, se voient proposer par Tomàs - un neurobiologiste - une drogue tout à fait nouvelle. Au fil des essais et de l'amélioration du produit, l'équipe va s'approcher peu à peu de la formule parfaite - celle qui autorise la fusion des consciences et permet d'approcher la mémoire de l'Univers...
Dans le Dune de Frank Herbert, l'Epice dite aussi Mélange est réputée prolonger la vie mais aussi étendre le champ de conscience. A ce titre, elle est à la base du pouvoir de Paul Atréides - lequel devient capable au fil du roman d'appliquer le calcul des probabilités aux intrigues humaines et donc, de déterminer les futurs possibles de l'espèce. Le voyage proposé ici par Nicolas Martin se fait dans l'autre sens : il s'agit, à l'aide d'une drogue étalonnée pour chaque utilisateur, de découvrir le secret des premiers instants de l'Univers - ceux qui sont réputés encore inaccessibles aux modèles mathématiques.

Ouvrir sa conscience grâce aux drogues, voici donc un thème qui n'a rien de nouveau comme je le rappelais ci-dessus : si la nostalgie pour l'ère psychédélique est susceptible d'engendrer de belles uchronies, on doit bien admettre que le voyage sous acide offert ici par Nicolas Martin ne convainc pas. L'épopée de ces jeunes chercheurs partis chercher l'inspiration à travers la défonce est presque inquiétante - car on se prend à craindre qu'au moins certaines des "têtes" de l'élite scientifique mondiale puissent être à l'image de ces apprentis-sorciers, à la recherche de la molécule parfaite. Le portrait de cette science dévoyée au point d'en devenir folle aurait pu au moins admettre une conclusion sinistre mais efficace, s'il avait été clair que le bad trip final a valeur de prise de conscience. Au lieu de cela, l'auteur perd son lecteur dans une série de paragraphes expérimentaux et en fait illisibles au sens premier du mot : caractères qui s'insèrent au milieu des mots, qui se doublent et finissent par se brouiller...

Que faut-il comprendre de La Mémoire de l'Univers ? Je crains que la réponse tienne en moins de mots que son titre même : "rien".

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