Out of the Red Lands - Marissa Lingen

De Marissa Lingen j'ai déjà eu l'occasion de lire une nouvelle publiée dans Analog. Celle dont il est question ici, et dont le titre pourrait se traduire par En dehors des Terres Rouges, est parue dans le numéro de Septembre/Octobre 2022 de cette revue.
Résumé : 
Emma Muller a fabriqué un robot capable d'extraire le métal de terrains hostiles, par exemple à force de surexploitation comme les Terres Rouges du Luxembourg. Elle sait que son invention pourrait rendre possible, enfin, la colonisation de Mars - une raison d'espérer alors que la Terre est frappée par le réchauffement climatique... - mais les agences spatiales sont hésitantes et ne peuvent apporter la totalité du financement requis pour une production en série. Où trouver le reste des fonds nécessaires ?
Voici une nouvelle qui m'inspire, à la réflexion, des sentiments très ambivalents.

Le lecteur quelque peu régulier de ce blog doit connaître l'aversion que m'inspirent les récits de mondes altérés ou pourrissants : même si la Terre qu'imagine ici l'auteure ne se porte pas très bien, force est de reconnaître que la situation ambiante a été pire auparavant et que l'espèce humaine a conscience de posséder les clés d'un rétablissement plus poussé voire même total. C'est dans le paysage de la SF contemporaine assez peu fréquent pour être noté, pour être salué même : il est louable que des écrivains fassent l'effort de s'échapper des imaginaires négatifs dont l'efficacité sur le renversement nécessaire du monde va tendre vers zéro. L'auteure explique en substance ici que l'on peut toujours trouver des solutions, la seule ressource indispensable pour cela étant humaine et par conséquent abondante, maintenant comme plus tard : qui peut ne pas être d'accord avec ce postulat ?

Et pourtant, le chemin adopté pour administré la leçon ne peut que faire sourciller. La question de savoir s'il est pertinent d'engager du travail, des ressources et du capital dans la colonisation de Mars - projet permettant au mieux de faire vivre une population "en boîte" pendant des générations avant une éventuelle terraformation, si celle-ci est possible... - est tout aussi non résolue dans cette nouvelle qu'elle l'est dans notre monde réel : qu'apporterait pareil exploit, sinon une certaine forme de gloire à ceux qui auraient été capables d'aller planter un drapeau sur la planète rouge ? Et même en admettant qu'aller coloniser Mars permettrait à la Terre de se porter mieux, il n'en reste pas moins que l'idée mise en avant par l'ingénieure de ce récit ne peut qu'étonner : dire qu'une solution pourrait venir d'une exploitation plus poussée d'une région déjà pressurée depuis des siècles, et donc d'un surplus de croissance, relève de la foi pure et simple.

Comment des auteurs censés à même de penser le futur peuvent-ils encore en être là ? Malgré sa solution généreuse - à première vue... - qui fait la synthèse entre les deux aspects de ce texte, voici pourquoi l'auteure ne parvient pas à convaincre. Et c'est bien dommage...

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