la Peste du léopard vert - Walter Jon Williams
Je n'ai que très peu lu Walter Jon Williams jusqu'ici : tout au plus dans l'Anthologie officielle des Utopiales 2009 !
Résumé :
Michelle est désormais une sirène : elle passe une bonne partie de ses journées dans un lagon à chasser la faune aquatique et à emmagasiner les précieuses calories indispensables à son métabolisme. Cela ne l'empêche pas d'être aussi une travailleuse connectée au réseau mondial : ses aptitudes à la recherche parmi les bases de données archéologiques des siècles passés en font une alliée de choix pour les historiens. Or, voici que l'un d'entre eux lui demande d'enquêter sur un trou biographique dans la vie de Terzian - l'individu qui a pensé les changements de paradigme ayant conduit au monde où vit Michelle...
Bien que ce texte (prix Nebula 2005) soit antérieur à l'invention du terme solarpunk, certains de ses éléments semblent permettre de l'y rattacher : deux époques sont ici en question, le présent ou le futur proche (pour le moment de l'écriture de ce texte)... et un futur plus éloigné. La première époque est très semblable à la nôtre, avec ses aberrations politico-diplomatiques et un contexte social apaisé en surface mais pas en profondeur. La seconde est d'une différence radicale, énigmatique, où le plus compréhensible reste au fond la façon dont l'espèce humaine s'emploie désormais à redéfinir au quotidien sa propre nature. Entre deux, des troubles puissants - pandémies pas toutes naturelles, conflits informatiques dévastateurs - et malgré tout des progrès immenses : à la sortie, l'être humain n'est sans doute pas tout à fait adulte mais au moins bénéficie-t-il d'une forme d'insouciance que matérialise une possibilité d'immortalité physique mettant à l'abri de l'extinction personnelle.
Le futur de Michelle semble être une utopie, à nos yeux comme à ceux de Terzian. Pourtant, il existe un chemin logique entre la première époque et la deuxième : une innovation scientifique impliquant une disruption des schémas sociaux, puisque le travail se met soudain à changer de nature. Un Gromovar en sa qualité professionnelle saurait dire mieux que moi si cette hypothèse est vraisemblable au-delà de la logique : il n'en demeure pas moins que ce propos tient lieu d'argument mieux que convenable pour faire le lien entre les deux époques dont il est question ici. Comme dit plus haut, la transition n'a pas été fluide... et il s'avère que le résultat ne l'est pas non plus tout à fait : si l'être humain a changé, il ne cesse pas d'être soumis à ses émotions et parfois aussi à ses calculs, l'association des deux se révélant parfois cruelle. Voici donc un récit d'utopie pas tout à fait parfaite... et qui, pourtant, allèche et convainc par son ambition. Bravo !
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