Les blogueurs parlent aux blogueurs : Herbefol
Au début des années 2010, l'excellent Gromovar avait pris une initiative chaleureuse et passionnante : il s'agissait d'interviewer les blogueurs de ce qui était déjà le Planète-SF, réalisant ainsi une oeuvre de connaissance de la blogoSFFFère.
En ce début des années 2020, cette communauté a changé : des anciens sont partis, d'autres sont toujours là, et des nouveaux sont arrivés. Le moment, d'après moi, est revenu de faire le point et de nous interroger en tant que blogoSFFFère sur nos aspirations et nos liens communs. Avec la permission de Gromovar, inventeur du concept, je reprends par conséquent la rubrique Les blogueurs parlent aux blogueurs !
Et aujourd'hui, c'est au tour d’Herbefol de nous parler de lui...
1. Bonjour, peux-tu te présenter en deux mots (tu peux être aussi bref que tu veux…jusqu’au néant)
Herbefol, Herbie en diminutif, lecteur et blogueur. Né la même année que Star Wars, ce qui ne me rajeunit pas. Dans la vraie vie, je travaille comme développeur dans l’informatique, ce qui est bien moins amusant que de raconter sur un blog ce que l’on pense de ses lectures.
2. Pourquoi avoir créé un blog ? Est-ce le premier ? Le seul ?
L’idée m’a été suggéré par un ami éditeur, qui a souvent été de bon conseil pour moi. Et après y avoir réfléchi un peu, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure. J’ai d’abord opéré par le bien de la défunte plateforme blog du site fantasy.fr puis quand cette dernière a connu sa fin, je suis passé sous wordpress et je suis allé voler de mes propres ailes en m’installant chez un hébergeur du commerce et en m’achetant un nom de domaine.
Le nom du blog m’a été fourni par mon libraire de l’époque, Xavier de chez Scylla, à qui j’avais proposé de faire un brainstorming pour m’aider à trouver une idée. C’est ainsi qu’est née L’affaire Herbefol, en référence au roman de Jasper Fforde, L’affaire Jane Eyre. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, j’ai rejeté deux autres propositions : Herbie les bons tuyaux et Herbie News. Je vous laisse juge du jeu de mot dans cette dernière.
C’est à l’heure actuelle mon seul blog. Je n’en ai jamais eu d’autre et je doute d’en avoir un autre à l’avenir. Il arrive cette année à son quinzième anniversaire et je ne pense pas avoir la force de faire quelque chose de nouveau en repartant de rien.
3. Combien de temps y consacres-tu ?
C’est assez variable. Après un rythme de publication très aléatoire pendant une époque, j’essaie depuis quelques années de produire une chronique par semaine. Et cela peut me demander vingt minutes de rédaction quand j’ai les idées bien claires tout comme je peux y passer trois heures pour pondre vingt lignes de texte. J’ai généralement un peu d’avance par rapport à la publication de mes chroniques, ce qui me permet d’absorber ces aléas.
4. Blogues-tu tout ce que tu lis ?
Au début, pas du tout. Écrire une chronique me demandait beaucoup trop d’énergie et de temps pour que je blogue sur toutes mes lectures. Puis petit à petit, j’ai augmenté la proportion de ce que je chroniquais jusqu’à atteindre aujourd’hui un bon quatre-vingt-dix pour cent de mes lectures de « livres » (c’est à dire ce qui n’est pas BD et compagnie). Trois éléments font que je suis arrivé à ce stade. D’abord, l’expérience faisant j’ai eu un peu plus de facilité à écrire mes chroniques, même si parfois c’est encore laborieux pour certains ouvrages. Ensuite, mon rythme de lecture a diminué ces dernières années, donc j’ai moins de matière qui s’accumule dans la case « à chroniquer ». Enfin, il y a deux ans et demi j’ai pris la décision de ne plus limiter mon blog à l’imaginaire et j’ai décidé d’y parler aussi de mes autres lectures, principalement des ouvrages historiques.
5. As-tu déjà lu certains livres simplement parce que tu te disais que ça pourrait faire un article intéressant pour ton blog ?
Si je l’ai fait, je n’en ai aucun souvenir. Il y a beaucoup trop de livres que j’ai envie de lire pour m’imposer une lecture juste dans l’objectif d’en faire un article. Par contre, il m’est parfois arrivé de sortir un livre de ma pile-à-lire parce que je trouvais que c’était le bon moment pour le chroniquer. Généralement du fait d’une actualité le concernant : reprise poche, traduction en français pour un ouvrage que j’ai lu en anglais, etc.
6. Lis-tu en VO ? Si oui, en quelles langues ?
Comme je le laissais entendre juste au-dessus, je lis en anglais. Une partie des ouvrages qui m’intéressent ne sont pas disponibles en français. Je lis aussi en anglais quand j’apprécie certaines plumes particulières dans cette langue et que je préfère rester au plus près du ton de l’auteurice. Enfin, il m’est aussi arrivé de me pencher vers cette solution pour des raisons financières, les ouvrages étant parfois moins onéreux qu’en français.
7. Blogues-tu avec ou sans roleplay ? Si c’est le cas, que représente ce roleplay pour toi ?
Ne sachant pas ce qu’est le roleplay en terme de blog, je suppose que non. :-)
8. Depuis combien de temps lis-tu de la SFFF ?
Ça, c’est la question à laquelle la réponse est simple et compliquée. Depuis toujours ou presque. L’un de mes tous premiers contacts avec la SFFF et plus particulièrement la SF, qui est la composante de l’imaginaire que j’ai abordé en premier, s’est fait par le biais d’un grand classique de la BD franco-belge : le diptyque Objectif Lune / On a marché sur la Lune. Hergé y fait un vrai travail de SF, limite de hard science sur certains aspects. Ensuite, et toujours enfant, j’ai découvert d’autres bandes-dessinées qui appartenaient au genre : j’ai lu mes premiers Blake & Mortimer chez des amis de mes parents, la bibliothèque municipale m’a fait découvrir des séries comme Yoko Tsuno, Valérian & Laureline, Le Scrameustache, etc. Sur le plan télévisuel, outre que j’ai vu des séries animées comme Goldorak, Albator, Capitaine Flam, etc. j’ai surtout été très marqué enfant par la deuxième des créations d’Albert Barillé : Il était une fois… l’espace. Mon amour des couvertures de Manchu est probablement né à ce moment-là, puisque les designs, notamment de vaisseau, ont été l’un de ses premiers travaux.
Cet intérêt pour la SF, couplé à une forte passion pour la science, restait concentré surtout sur la bande-dessinée, la télévision et le cinéma. Ce n’est qu’au cours de l’adolescence que j’ai vraiment plongé dans le version littérature de la SF. Je ne suis pas capable de dire comment j’ai fini par tomber sur cet ouvrage, mais j’ai lu un jour le recueil Cher Jupiter, d’Isaac Asimov. Et ce fut comme une sorte de révélation. J’ai alors enchaîné en quelques années la majeure partie de son œuvre fictionnelle. Puis je suis passé à Arthur C. Clarke, notamment avec 2001 dont je connaissais déjà l’histoire par son versant filmique. Enfin, je tentais d’autres auteurs, notamment Robert Sheckley dont l’humour a su facilement me charmer.
Le versant fantasy de l’imaginaire est entré plus tardivement dans ma vie. Si là aussi je côtoyais déjà le genre par le biais de la BD, de la télé et du cinéma, c’est au cours de mes études supérieures, plus précisément juste avant d’entrer en école d’ingénieur, que j’attaquais sa partie littéraire. Ado j’avais fait une première tentative avec Bilbo le hobbit, livre dont j’avais décroché assez rapidement à l’époque. Cette fois, je retentait l’ouvrage et cela fonctionna enfin. Dans la foulée, je m’enquillais les trois volumes du Seigneur des Anneaux, avant de laisser Tolkien en paix et de commencer à découvrir les œuvres un peu plus récentes du genre. D’abord L’arcane des épées de Tad Williams, qui reste une œuvre vraiment marquante dans mon parcours, puis La Roue du Temps de Robert Jordan, La Belgariade du couple Eddings, Le Trône de Fer de George R. R. Martin, etc.
Le parent pauvre de la famille est clairement le fantastique. Si je le croise de temps en temps dans les différents médias, que ce soit au ciné, en BD ou le temps d’un livre, je n’ai jamais plongé dans le genre au point d’en faire une exploration poussée.
9. A quel rythme lis-tu ?
C’est très variable et sur la durée longue la tendance est à la baisse. Je tiens une liste de mes lectures depuis 1993, j’ai donc quelques statistiques sur le sujet. Dans l’ensemble, je lis plusieurs dizaines de livres par an, avec un plus haut à une centaine de volumes au début des années 2000. Ensuite, ça a décliné et ça s’est stabilisé vers soixante à quatre-vingt ouvrages. Ces dernières années, ça a franchement diminué. Le Covid a amené le télétravail dans mon emploi et avec lui moins de temps de transport en commun, qui constituait un gros gisement de lecture. Enfin, il y a un peu plus de deux ans je suis devenu papa. Ça a franchement fait baisser le temps que je consacre à la lecture. Résultat, l’année dernière j’ai à peine atteint la cinquantaine de livres.
Ceci étant, je lis de façon générale beaucoup. Car je consomme aussi de la bande-dessinée sous diverses formes et je suis abonné à plusieurs revues. Sans parler de tout ce que je peux lire en ligne quotidiennement, entre les réseaux sociaux, les forums et différents sites, ce ne sont pas les choses qui manquent. En fait, j’ai presque un besoin viscéral de lecture. Si je peux l’assouvir avec un livre, tant mieux, mais les autres supports conviennent aussi très bien. A l’époque où j’étais scout et que je revenais d’un camp alors que je n’avais plus rien à lire, j’avais occupé un petit moment du voyage en train en lisant l’intégralité des petits caractères du formulaire E111 (un classique des voyages de jeunesse à l’étranger, en tout cas à l’époque). C’est aussi pourquoi je pars toujours en vacances ou même simplement au travail avec deux fois trop de lecture : je suis sûr de ne pas en manquer.
Enfin, j’ai aussi d’autres loisirs qui font évidemment concurrence à la lecture. Principalement la consommation de séries télévisées et de jeu vidéo. Ainsi, je me suis récemment lancé dans Starfield qui venait de sortir et disons que mon quota de lecture en a pris un sérieux coup.
10. Que trouves-tu dans nos littératures de genre ?
Ça, c’est la question à cent points. L’imaginaire m’offre une porte vers des mondes différents du notre, que ce soit dans l’espace, le temps ou l’ailleurs dans un sens plus large. La littérature de façon générale est une opportunité de voyage, de changement, de diversité et d’évasion. Et dans le cas de l’imaginaire, les possibilités sont décuplées du fait de ne pas s’astreindre à rester dans un univers fonctionnant avec les mêmes règles que celui dans lequel nous vivons.
J’apprécie notamment la SF pour son côté exploratoire de la science. C’est une véritable opportunité de repousser les limites, l’une des plus évidentes étant la possibilité de voyager plus rapidement que la lumière et de visiter l’univers entier en un claquement de doigt. C’est aussi un cadre qui permet d’envisager des choses qui relèvent purement de la spéculation et que notre science et surtout notre technologie ne sont pas capables de réaliser à l’heure actuelle. J’aime aussi l’aspect extrapolation, pour la capacité à interroger notre présent par le biais de futurs hypothétiques.
Dans la fantasy, je suis plus à la recherche de l’évasion par l’aventure, la découverte d’un monde complètement imaginaire et où toutes les règles, notamment sociales, peuvent être repensées. Sur ce point, je suis un peu déçu d’une partie de la production récente. Je trouve que l’on a une proportion encore trop importante de fantasy dans lesquelles les auteurices proposent des mondes qui sont encore fortement imprégnés de culture patriarcale. Et je ne supporte pas l’excuse du type « oui mais bon à l’époque du moyen-âge c’était comme ça, alors... » Mais c’est quoi l’intérêt d’écrire sur un monde imaginaire si on reste borné sur des sujets aussi importants ? Et franchement, c’est quoi cette idée de vouloir coller à une réalité historique alors qu’à côté on tartine des dragons, de la magie et je ne sais quelles autres fantaisies ? C’est de la fantasy ! De l’imaginaire ! Pas du roman historique ! De plus, l’art est forcément politique, comme tout le reste d’ailleurs. Ne pas s’interroger sur les modèles que l’on transmet par le biais de son œuvre, c’est ne pas s’intéresser au monde et à ses injustices. Bref, j’ai l’impression qu’une partie du domaine reste bloqué dans le monde d’autrefois. Ce n’est, fort heureusement, pas le cas de tous mais je trouve que la proportion « coincés dans le passé » est encore trop importante.
11. Partages-tu cette passion avec ton entourage ?
Pendant longtemps, je partageais cette passion essentiellement avec quelques amis. J’ai grandi dans une famille très ouverte à la lecture et mes parents m’ont laissé lire tout ce que je voulais. Je n’ai jamais été freiné quand je me suis mis à explorer la science-fiction. Néanmoins, au-delà d’une légère curiosité, mes parents ne partageaient pas vraiment ce goût et mes trois frères et sœur n’étaient pas non plus aussi passionnés par ce genre.
Je vis maintenant en famille et j’ai la chance que ma femme partage cet intérêt pour l’imaginaire. Nos goûts dans ce domaine sont différents, nous nous retrouvons sur certaines œuvres et nous éloignons sur d’autres. Et j’avoue que c’est plutôt agréable de vivre avec quelqu’un qui est capable de comprendre ce qui vous passionne et qui en partage parfois le plaisir. Monsieur A., mon fils, est encore bien trop petit pour avoir des goûts littéraires mais j’espère qu’il tolérera ma passion à défaut de la partager, je ne peux souhaiter plus. Il développera ses affinités et je ne souhaite pas lui imposer les miennes, même si le simple fait de vivre sous le même toit fait que j’exercerai une influence sur lui.
12. Quelle a été ta première lecture SFFF ? Te souviens-tu de l’occasion qui t’a amené à cette lecture ?
Je crois que j’ai en partie répondu à cette question dans la question 8. J’y cite le diptyque Objectif Lune / On a marché sur la Lune comme l’une des plus anciennes œuvres de SF dans j’ai souvenir, mais je suis totalement incapable de dire si c’est la première que j’ai lu.
Dans l’ensemble, la littérature jeunesse est très riche en terme de SFFF, on en trouve à tous les âges. C’était déjà le cas à mon époque. J’ai donc forcément été au contact du genre dès mes premières lectures. Et je pense que c’est le cas de la très grande majorité des enfants, même dans les familles où on lit peu : les contes de fée imprègnent tellement notre culture que tout le monde en a, dès le plus jeune âge, une connaissance même légère.
13. Peux-tu nous décrire un (ou plus) grand souvenir de SFFF ?
Voilà une question qui demande un peu de réflexion de ma part. C’est le genre de chose que j’ai toujours du mal à identifier : j’ai vécu peu d’épiphanie dans ma vie, je ne suis pas quelqu’un qui s’enfile religieusement un livre ou un film en particulier tous les ans, etc. Néanmoins, je peux proposer quelques souvenirs.
Le premier se rapporte au film Soleil vert, de Richard Fleischer, d’après le roman de Harry Harrison. J’ai vu ce film à la télévision, avec ma mère, alors que je devais avoir douze ou treize ans. L’intrigue et notamment son dénouement a évidemment fait forte impression chez moi. Mais son impact en a été grandement augmenté en réalisant en cours de route qu’à l’époque (alors) future à laquelle se passe l’histoire, j’aurai un âge proche de celui du personnage incarné par Charlton Heston et que ma mère serait plus proche de celui de Sol, au destin tragique. J’ai eu la sensation d’avoir un aperçu de l’avenir qui m’attendait.
Le deuxième est filmique aussi et concerne 2001, l’odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick. J’ai découvert ce film quelque part pendant mon enfance ou mon adolescence et ce fut une expérience particulière. Bien que fort lent, le film m’a charmé dès cette époque et je l’ai revu à plusieurs occasions. La plus marquante fut en… 2001, quand le film est ressorti au défunt Grand Écran Italie, qui à l’époque était l’une des plus grandes salles de ciné de Paris. Je n’ai pas raté cette occasion et j’en suis très heureux. D’autant plus que je connaissais déjà à l’époque certains des secrets derrière les effets spéciaux du film. Et j’avais beau savoir comment c’était fait, j’étais incapable de le repérer à l’écran. Le tour de magie est tellement bien exécuté que même en connaissance le truc, on ne le voit pas.
Le troisième et dernier est littéraire. En 2004 est arrivé en France un livre au titre un peu curieux : L’affaire Jane Eyre, de Jasper Fforde. Je serai très probablement passé à côté de cet ouvrage à l’époque si une amie n’avait pas attiré mon attention dessus. J’ai alors eu l’une des expériences de lecture les plus incroyables de ma vie. Non seulement j’étais pris par l’intrigue, les personnages et surtout cet univers foutraque émaillé de détails improbables. Mais j’en suis ressorti avec l’envie de lire des vieux classiques, au premier rang desquels le fameux roman de Charlotte Brontë. Ce que j’ai finalement fait quelques années plus tard, avant de relire le roman de Fforde et de réagencer tout ça pour lui donner un sens. J’avais l’impression d’avoir ouvert une porte vers un ailleurs riche. Ce que la suite, mochement traduit en Délivrez-moi (en VO c’est Lost in a good book – Perdu dans un bon livre, ce qui vu tant l’intrigue que le livre lui-même a nettement plus de sens), a confirmé tout en me montrant que je n’avais pas vraiment conscience du côté sans limite de cette richesse.
14. Quel est le livre qui t’a le plus marqué récemment ? (Répondre sans réfléchir)
Ce n’est pas du domaine de l’imaginaire, ni même de la fiction. Il s’agit de Combattre pour l’Ukraine, de Lasha Otkhmezuri. L’auteur est un historien, spécialisé dans le front Est de la Seconde Guerre Mondiale et est notamment co-auteur, avec Jean Lopez, de Barbarossa, une somme colossale sur l’offensive allemande de juin 1941. Dans son dernier ouvrage, il sort de son champ habituel pour partir à la rencontre de combattants dans les rangs ukrainien et livre une dizaine de témoignages de ces gens aux origines et au profil très variés et qui tous ont choisi de s’engager dans le combat pour l’Ukraine.
En bon historien, Otkhmezuri a parfaitement conscience de se livrer à un exercice qui sort de son champ habituel. Il traite d’un sujet actuel, par le biais de témoignages, une forme de source toujours intéressante sur le plan historique mais au combien manquant de fiabilité. Quelque part, on voit un historien qui collecte des données pour un collègue du futur qui se penchera sur ce conflit dans un avenir plus ou moins éloigné.
15. Vers quelle étiquette SF, F, ou F, va ta préférence ? Et pourquoi ?
Mon ordre de préférence place clairement la science-fiction, suivi de la fantasy et enfin loin derrière le fantastique. J’ai commencé à me plonger vraiment dans l’imaginaire par le biais de la SF, il n’est donc pas étonnant que ce sous-genre reste en tête, ne serait-ce que par nostalgie. Mais ma fascination pour la science, que j’ai depuis aussi loin que je me souvienne, entretient aussi cet amour de la SF et lui assure toujours sa suprématie sur les deux F.
La fantasy a eu une côte un peu plus fluctuante. Elle a bien occupé mon espace littéraire lorsque je m’y suis plongé, avant de commencer à refluer un peu, puis de repartir, de se rétracter, etc. Le va et vient continue encore à l’heure actuel, en fonction de ce que je trouve comme ouvrage et de mon humeur du moment.
Le fantastique reste clairement le parent pauvre. Sans avoir une absence d’affinité complète, j’en lis assez peu.
16. Comment ont évolué tes goûts entre tes débuts en SFFF et aujourd’hui ?
Pas forcément évident à dire. Il y a eu une évolution, c’est indiscutable, mais j’ai un peu de mal à me souvenir de la façon dont je regardais le genre lorsque j’avais treize ans. Cependant, je peux dire sans trop me tromper que j’ai développé un esprit critique entre mes débuts et maintenant. Je ne suis plus aussi tolérant vis à vis de certaines choses dans les ouvrages. Peut-être plus exigeant sur les intrigues, sur le fond scientifique en SF, etc. J’en ai un peu marre des trucs initiatiques en fantasy. Bref, je vieillis et je me lasse de certaines choses.
Le changement le plus notable ces dernières années a été mon acceptation du fait que je pouvais ne pas terminer un livre. Pendant très longtemps, je finissais systématiquement les ouvrages que je lisais, quand bien même je les trouvais mauvais. Ce qui a donné lieu sur mon blog a quelques chroniques où j’ai un peu défoncé les ouvrages en question. Et puis un jour j’ai fini par me résigner : il y a trop de livres qui me font envie pour que je continue à perdre du temps sur des textes qui ne m’emballent pas. Alors quand je sens la lassitude me gagner, quand je ne ressens rien ou que je soupire un peu trop devant une intrigue, des personnages ou une écriture, je laisse tomber et je passe à autre chose.
17. Quels sont tes auteurs préférés ? Pourquoi ?
Je vais essayer de ne pas en citer cinquante.
Stephen Baxter. Parce que c’est probablement l’auteur de SF qui m’a offert le plus de moment « waouh » de ma vie. Pour sa capacité à chercher des idées scientifiques pointues et à tourner régulièrement le bouton jusqu’à 11, tout en rendant ça très compréhensible, y compris pour des lecteurices avec un bagage assez léger en science. Parce que je l’ai rencontré plusieurs fois, que je l’ai interviewé, que j’ai fait sa bibliographie, etc. Parce que lors d’une de ses rencontres, il m’a offert un exemplaire papier d’une nouvelle encore non parue à l’époque. Et s’il a encore de nombreux livres qui ne sont pas traduits en français (et le resteront probablement), c’est l’un des (voire le) auteurs de SF anglophones les plus traduits ces vingt-cinq dernières années : trente romans depuis Les vaisseaux du temps, paru chez nous en 1998.
Alastair Reynolds. Parce que lui aussi sait pousser le science de science-fiction dans ses retranchements. Parce que j’aime son univers de space-opera des Inhibiteurs. Parce que j’apprécie son rapport à l’art et sa façon de le placer dans ces ouvrages. Parce que je l’ai rencontré et qu’il est fort sympathique.
Connie Willis. Parce que faire utiliser les machines à voyager dans le temps par les historiens plutôt que par des aventuriers à la gomme c’est cool. Parce que je trouve son écriture fluide. Parce que c’est confortable, c’est doudou, c’est cosy. Et parce qu’elle a clairement un amour pour les vieux films américains.
Steven Erikson. Parce que son Malazan Book of the Fallen (le Livre des martyrs en français, autre titre que je trouve peu satisfaisant) est le cycle de fantasy qui m’a le plus marqué. Parce que ça déborde d’ambition. Parce qu’il est anthropologue et archéologue et que ça se sent dans ses livres. Son univers a un passé, que l’on ressent parce que tout est construit sur les restes des civilisations précédentes : pas seulement les villes mais les religions, les sociétés, etc. Parce que sa plume est belle, en tout cas en anglais.
K. J. Parker. Parce que c’est un peu la hard-science de la fantasy. Parce que tout ou presque est connecté dans ses ouvrages sans que ça soit gênant. Parce qu’il sait clairement qu’une guerre ne se gagne pas en enchaînant des batailles. Parce que son univers a un côté très générique et qu’il a pourtant une âme. Parce que la bureaucratie ça existe aussi dans la fantasy. Parce que sa plume sait être drôle tout en étant sérieuse.
Jasper Fforde. Parce que L’affaire Jane Eyre est l’un des rares livres dont je puisse dire qu’il y a eu un avant et un après pour moi. Parce que sa série Thursday Next est l’un des univers les plus foutraques que j’ai vu. Parce que cet univers est aussi potentiellement le plus riche et le plus sans limite de ceux que j’ai lu. Parce qu’il sait donner envie de lire plein de livres, y compris des vieux classiques que j’ai toujours cru ennuyeux. Parce que chez lui, toutes les littératures se valent.
18. Y a-t-il des livres que tu regrettes d’avoir lu (temps perdu) ? D’autres que tu aurais regretté de ne pas voir lus ?
Oui, il y a clairement quelques livres dont je me serais bien passé et avec lesquels je pense avoir perdu du temps. Maintenant que j’ai accepté l’idée de ne plus aller au bout d’un ouvrage, j’ai moins ce soucis. En plus des livres que je n’ai pas aimé pour diverses raisons, il y a aussi deux livres que je regrette d’avoir lu et même chroniqué, parce que l’auteur s’est plus tard avéré être non seulement un gros nationaliste russe mais il a aussi fait carrément l’apologie du génocide de la population ukrainienne. Je suis bien désolé d’avoir donné de l’argent et consacré du temps à un pareil salopard. Et c’est donc la seule fois, à ce jour, où j’ai carrément retiré les chroniques de mon blog.
Pour la seconde partie de la question, c’est facile : aucun, puisque si je ne les avais pas lu, je n’aurai pas pu regretter cette non-lecture.
19. Y a-t-il des auteurs dont tu lis tout (ou voudrais pouvoir tout lire) ?
Oui, sans la moindre hésitation. J’ai un peu un côté systématique : quand un truc me plaît vraiment, j’aime bien creuser le sujet et si possible avec un minimum d’ordre. Je suis du genre à lire les livres d’un même univers dans l’ordre de parution plutôt que dans l’ordre des événements, par exemple.
Sans surprise, on trouvera dans la liste des plumes concernées les gens que je cite à la question 17, ainsi que quelques autres.
20. Vas-tu voir les auteurs sur les salons ? Ramènes-tu des interviews, des photos, des dédicaces ?
A une époque qui me paraît maintenant un peu lointaine, je faisais pas mal de festival. Je suis notamment allé de nombreuses fois aux Utopiales à Nantes. Et puis la vie fait que l’on a parfois moins le temps et l’envie. A force de voir et revoir les mêmes auteurices et membres de la blogosphère, j’ai vraiment développé une lassitude. Et j’ai fini par ne plus y mettre les pieds pendant plusieurs années. Récemment, j’ai opéré un timide redémarrage, mais ça reste très limité.
De l’époque où je fréquentais assidûment les salons et festivals, je rapportai beaucoup de dédicace et des souvenirs de rencontre. Pas de photos et pas vraiment d’interviews. J’en ai réalisé quelques-unes pour le défunt site fantasy.fr, principalement sur des auteurices anglophones, dont une partie n’a jamais été publiée. J’ai encore les fichiers audio quelque part sur mon disque dur et si j’arrive encore à entendre ce qu’il y a dessus, j’en ferai peut-être la retranscription un jour. Plus pour un aspect d’archivage d’un existant qu’autre chose, certaines remontent à 2007 et n’ont plus aucune pertinence avec l’actualité des interviewés.
Par contre, j’ai réalisé quelques interviews écrites pour le blog, que j’ai faite par mail. Ce qui a l’avantage pour moi de ne pas avoir à retranscrire tout ce qui est dit oralement. C’est plus reposant. Et ça m’a permis d’en avoir une d’un auteur que je n’ai jamais rencontré, David Brin, et j’avoue que ça fait un peu ma fierté.
21. Que penses-tu de l’œuvre de Bernard Werber ? Et de celle de Maxime Chattam ?
J’ai lu plusieurs des romans de Werber. Les trois volumes des Fourmis, le premier sur la vie après la mort et Le père de nos pères. C’était à la fin des années 1990 et j’étais moins critique sur ce que je lisais. Mais sur le dernier, j’ai quand même fini par craquer, avec le coup du singe qui viole une truie et amène ainsi à l’espèce humaine. J’avais accepté de suspendre mon incrédulité sur les précédents bouquins, parce qu’on était presque dans de la fantasy ou du fantastique. Là, ça ne passait plus. Depuis, je n’y ai jamais remis les pieds mais j’en entend parler régulièrement. Et aujourd’hui, je trouve ce type affligeant au possible.
Je n’ai rien contre les auteurices qui écrivent pour un public qui ne veut pas une SF pointue, crédible, etc. Mais j’ai un problème quand quelqu’un qui empile les fadaises a la prétention de raconter des choses sérieuses. Ce qui est le cas de Werber, qui aligne les élucubrations au kilomètre dans ses bouquins.
J’ai un gros problème avec l’argument « oui mais il fait lire les gens, c’est une porte d’entrée vers l’imaginaire, etc. » Parce qu’une partie de son lectorat prend au sérieux ce qu’il écrit et j’ai déjà rencontré plus d’une personne qui croyait à la réalité de fadaises que pond ce type. J’ai le même souci avec un auteur comme Dan Brown, qui s’amuse aussi à vendre une certaine réalité derrière sa fiction : une partie de son lectorat croit à ce qu’il écrit. Pour moi, c’est le même problème qu’avec les frères Bodgadov dans la vulgarisation scientifique ou de Deutsch dans la vulgarisation historique : des types qui sous une apparence de respectabilité racontent des inepties aux gens. Et on vit dans un monde où l’on voit tous les jours les conséquences des inepties que l’on répète tellement que les gens finissent par y croire. Pour moi, c’est mortifère et tant pis si je passe pour un connard élitiste.
Pour revenir sur Werber précisément et donner un exemple parlant, j’ai le souvenir d’une interview faite par Philippe Vandel sur France-info (et qui est encore écoutable ici) où le type enchaîne les foutaises, avec notamment les géants comme seule explication à la construction de la pyramide de Kheops. Encore une fois, je n’ai rien contre l’idée d’écrire de la fiction qui s’appuierait sur ce genre d’idée, ça peut même donner des choses plaisantes et intéressantes… à condition de ne pas essayer de faire passer ça pour une réalité scientifique.
Concernant Maxime Chattam, je n’en ai jamais lu mais du peu que j’ai aperçu du bonhomme sur les réseaux sociaux, il ne me semble pas se prendre pour un puits de science et me paraît très honnête sur ce qu’il écrit. Il défend simplement le droit à écrire et à lire des ouvrages qui procurent du divertissement et je trouve ça bien.
22. Tes fournisseurs : librairies, bouquinistes, Internet ?
Principalement librairie et internet. Pendant longtemps, lorsque je vivais en région parisienne, je me fournissais principalement chez Scylla, que j’ai évoqué un peu plus haut. Xavier a été un libraire formidable, capable de se souvenir de ce que j’achetais et arrivant à croiser suffisamment les avis et les goûts de ses clients pour me dire « Untel a adoré, ça devrait te plaire » ou « Untel a aimé, ça ne devrait pas être ta came. » Je pense que c’est un de ses grands talents et c’est très précieux. J’ai littéralement contribué à la survie de cette boutique pendant un temps en y passant une fraction notable de mon salaire (et en décrochant le titre de meilleur client plusieurs années) et j’en suis très heureux.
Après avoir quitté l’Île-de-France et atterri dans la banlieue lyonnaise, je passais régulièrement chez CoLibris, qui se trouvait deux étages en dessous de notre appartement et j’ai là aussi fini par être connu comme le loup blanc. L’équipe est très sympathique, prête à discuter de vos lectures.
Enfin, je viens de m’éloigner de Lyon et me fourni maintenant chez Ma petite librairie, à Bourgoin-Jallieu. Les gens y semblent aussi sympathiques et ne s’étonnent pas trop de voir quelqu’un arriver à commander un pavé historique en même temps que des mangas ou de la BD.
Depuis quelques années, je me fourni aussi en livre par le biais d’internet, pour faire des acquisitions d’occase et en revendre moi-même. Je n’ai parfois pas envie de payer le prix d’un livre neuf pour un ouvrage qui m’attire un peu mais dont je ne connais pas forcément les qualités. C’est en particulier vrai pour les ouvrages historiques.
Enfin, je me fourni aussi sur internet pour mes lectures en anglais. C’est clairement moins cher, plus simple, plus rapide et plus riche que d’essayer de commander des ouvrages par le biais d’une des rares librairies indépendantes locales qui fait de la VO. Cependant, j’évite clairement la pieuvre Amazon qui constitue, de mon point de vue, une menace permanente sur les librairies, les maisons d’édition et les auteurices. Depuis quelques années, je me fournis chez Blackwell, une enseigne britannique qui gère elle-même le dédouanement des colis vers l’Union Européenne, ce qui évite les mauvaises surprises.
23. BD, comics, mangas, ou non ?
Les trois. La BD franco-belge classique évidemment. Comme beaucoup de gens, j’ai lu Tintin, Lucky Luke, Astérix et d’autres étant jeune. Et j’ai continuer à consommer de ce genre sans discontinuer, en m’intéressant parfois à des productions plus récentes, comme Orbital par exemple. Mais je reste très attaché au fond patrimonial de la BD franco-belge et ma bibliothèque contient moult intégrales de ce type : Lucky Luke, Spirou & Fantasio, Yoko Tsuno, Achille Talon, Chlorophylle, Blueberry, Iznogoud etc.
En arrivant en région parisienne, à la fin des années 1990, je me suis mis au manga. D’abord avec des œuvres dont étaient tirées des adaptations animées que je voyais à la télévision : Ranma 1/2 et City Hunter. Puis j’ai élargi mon spectre et j’ai pendant un temps consommé beaucoup de manga. Puis petit à petit, j’ai commencé à diminuer. Soit en arrêtant des séries qui ne me convenaient plus, soit parce que les séries que j’appréciais se terminaient et je ne souhaitais pas en démarrer de nouvelle. Je lis toujours des mangas et je dois en acheter trois ou quatre volumes par mois, en fonction des sorties des séries que je suis. Je reste très attaché à l’œuvre de Rumiko Takahashi, en particulier Ranma 1/2, pour sa dimension foutraque, et Maison Ikkoku (Juliette je t’aime dans sa déclinaison animée) qui reste pour moi l’une des meilleures comédies romantiques. Dans les séries que je lis actuellement, je pourrai citer Vinland Saga, de Makoto Yukimura, une superbe série à dominante historique, très bien documentée et très centrée sur l’humain tout en étant pleine de choses épiques et d’humour. Space Brothers, de Chûya Koyama, qui est de la pure SF tendance « conquête de l’espace », là aussi carré dans sa technique et plein d’humour et d’émotion. Les vacances de Jésus et Bouddha, d’Hikaru Nakamura, une chronique improbable de ces deux figures religieuses partageant un appartement dans le Tokyo de nos jours, avec beaucoup d’humour et d’intrigues construites autour d’une belle connaissance des religions.
Le comics est des trois genres de bande-dessinée celui que j’ai découvert le plus tardivement, vers la fin des années 2000. Et depuis je m’y suis pas mal investi aussi. Principalement dans le super-héros de la maison DC, avec au centre l’incontournable Batman, dont plusieurs dizaines de volumes encombrent mes étagères. J’ai bien sûr parcouru une partie du catalogue Vertigo, où se trouve notamment mon personnage préféré : John Constantine. Enfin, j’ai aussi picoré dans les productions d’Image et de quelques autres éditeurs. Mais quasiment pas de Marvel, j’ai clairement choisi un camp dans le domaine super-héroïque. En terme de créateur, j’apprécie des gens comme Grant Morrison ou Mike Carey et je suis surtout un inconditionnel de Tom King qui pour moi est l’une des meilleurs révélations de ces dix dernières années. Ce type a écrit des trucs magnifiques, comme Mister Miracle, dessiné par son acolyte Mitch Gerads, ou Supergirl : Women of Tomorrow, dont les planches sublimes sont réalisées par Bilquis Evely. Lisez-les.
24. Lis-tu aussi de la littérature « blanche » ? Si oui, qui aimes-tu particulièrement parmi les auteurs étiquetés « blanche » ?
Quasiment pas. Tant par manque d’intérêt que par manque de temps. Je consomme un peu de la production de gens comme Haruki Murakami ou Thomas Pynchon. Mais je dois rarement lire plus d’un ou deux livres de « blanche » par an. J’essaie cependant de glisser quelques classiques au milieu de mes lectures. Jasper Fforde m’a amené à lire Jane Eyre et je compte bien un jour tenter de lire du Dickens. Je voudrais bien donner sa chance à Victor Hugo. Et j’ai collé quelque part dans ma PAL les deux énormes volumes de La guerre et la paix de Tolstoï. Mais pour tout ça, il faut trouver l’une des choses qui manque le plus : du temps.
25. Tentative de Weltanschauung : qu’aimes-tu comme musique ? Comme cinéma ? Quel est ton loisir favori ? Plutôt matérialiste ou idéaliste ?
J’ai vraiment découvert la musique par le biais de la collection de bandes originales de film de ma mère, notamment des partitions comme Mission et Les incorruptibles par Ennio Morricone. Puis ce fut la musique classique, par le biais du collège. Je garde encore aujourd’hui un certain attachement à ces musiques. Du côté du classique, j’apprécie plus particulièrement le baroque, avec Bach en tête suivi d’Haendel et Purcell, et la période classique, de Mozart à Beethoven en passant par Haydn. Pour les partitions illustrant les films, je suis devenu sans surprise un fan de John Williams. J’ai aussi eu une période où j’ai découvert pas mal de musique d’animation japonaise, notamment des compositrices comme Yuki Kajiura et l’incontournable Yoko Kanno.
J’ai ensuite commencé à développer un goût pour la musique électronique avec Jean-Michel Jarre puis Vangelis. Par la suite, j’ai dérivé vers Mike Oldfield avant d’atterrir dans la pop-rock, avec des groupes comme Muse ou Coldplay, mais aussi des vétérans un peu plus anciens tels que Depeche Mode, A-Ha, Simple Minds ou Supertramp. Grace à mon ancien libraire, j’ai plongé sérieusement dans l’œuvre de David Bowie. Parallèlement, j’ai aussi fait un détour par le new age avec Enya et Loreena McKennitt.
Enfin, j’ai fini par revenir à la musique électronique en développant une véritable passion pour Tangerine Dream, groupe pionner du genre. Fondé en 1967 par Edgar Froese, le groupe a survécu à sa disparition en 2015 puisqu’il existe toujours aujourd’hui et qu’il a la particularité d’être composé de membres tous plus jeunes que le groupe auquel ils appartiennent. En plus de cinquante ans d’une très riche discographie, plus d’une centaine d’albums studio et live et des dizaines de bandes originales, Tangerine Dream a connu des périodes de production musicale assez différentes et personnellement j’apprécie des choses dans chacune d’elles. Son caractère pionnier lui a donné une certaine influence sur de nombreux artistes électro et on le constate jusque dans la bande originale de la série Stranger Things dont le thème en est clairement une descendance musicale. Le groupe a d’ailleurs fini par reprendre ce thème.
Ayant des acouphènes permanents, mais heureusement très légers, depuis une trentaine d’années j’écoute très souvent de la musique, que ce soit en travaillant, en lisant ou en conduisant.
Ayant une mère cinéphile, j’ai développé un intérêt pour le cinéma. J’ai été abreuvé de films familiaux des années 1980 et 1990 et j’ai encore un attachement assez fort à cette période. J’ai bien sûr placé Steven Spielberg bien haut dans ma liste de réalisateurs préférés, j’aime beaucoup Zemeckis, je suis fan de Star Wars, etc. Plus grand, j’ai aussi manifesté un intérêt pour le cinéma plus ancien, notamment Hitchcock (un réalisateur très apprécié par ma mère) et tout ce que j’appellerai l’âge d’or de la comédie américaine : les fims de Capra, d’Hawks, de Lubitsch, etc. Je sais reconnaître la voix de Katharine Hepburn, de James Stewart ou de Cary Grant. La même période m’a aussi fait découvrir Akira Kurosawa et quelques autres cinéastes japonais. Je suis aussi tout à fait ouvert à la production de divertissement de Hong Kong, notamment les vieux films de Jackie Chan, mais aussi les réalisations de gens comme Tsui Hark ou Johnnie To. Enfin, j’ai un amour pour les films de Louis de Funès. Les aventures de Rabbi Jacob est probablement le film que j’ai le plus vu, mais ne doit pas dépasser la dizaine de visionnage tant j’ai peu revu de films. J’ai le même soucis qu’avec les livres : trop de films que je voudrais voir et pas assez de temps.
J’aurai bien du mal à donner un loisir favori. Je joue pas mal aux jeux vidéos, du wargame au point & click en passant par les rpg, les fps, etc. Et c’est une sorte de lutte permanente entre la lecture, les jeux vidéos et les films/séries pour réussir à capter mon temps libre.
26. As-tu une liseuse ? Quel est ton rapport à la lecture numérique ?
Oui, j’ai une liseuse. Ça fait un peu plus d’une dizaine d’années que je lis en numérique. Et j’apprécie énormément ça. J’aime toujours la lecture sur papier, le contact de la page, tenir un livre bloqué ouvert dans une main pendant que je marche, etc. Mais le numérique apporte des avantages incontestables. Outre la question de l’encombrement et du poids, j’aime beaucoup le fait de pouvoir modifier la police de caractères, j’adore lire en Garamond, et surtout sa taille. En fonction de ma fatigue visuelle, de la luminosité, etc. j’agrandis ou je rétrécis la police et ça me permet d’avoir toujours le plus de confort possible en terme de lecture.
J’aime aussi le numérique parce qu’il amène une possibilité de stocker des œuvres que je ne veux pas, et surtout ne peux pas, conserver sous forme papier une fois lues. C’est un plus très appréciable quand on ne pas étendre son espace de bibliothèque indéfiniment.
27. Quel est ton rapport à Internet ? Connecté depuis longtemps ? Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?
Je suis arrivé sur Internet au milieu des années 1990. Ce qui fait que sans être un vieux de la vieille, je pense être quand même un vétéran de cet écosystème. J’ai connu une époque où quasiment aucun acteur actuel du web n’existait. Le seul que j’ai souvenir d’avoir vu traverser la crise de 2001 est Yahoo, tous les autres ont disparu.
J’ai très vite apprécié ce médium. Il offre un accès à une quantité d’information qui ne se limite plus à ce que l’on peut faire tenir dans une encyclopédie ou une bibliothèque. Il permet des recherches assez aisée. Et il constitue un espace de communication avec le monde entier, ce qui permet de pouvoir aller plus loin que son simple entourage dans le monde physique.
J’en suis devenu clairement dépendant. Pas un jour, ou presque, ne passe sans que je consulte les réseaux sociaux, que je recherche une information historique, scientifique ou autre. N’ayant ni télévision, ni radio, c’est mon canal d’informations pour me tenir au courant de ce qu’il se passe dans le vaste monde. Ainsi, depuis plus d’un an et demi je consacre un temps assez conséquent chaque jour à me tenir informé de la guerre en Ukraine à travers les réseaux sociaux.
Je trouve bien évidemment des défauts aux réseaux sociaux : forme de dépendance, conversation qui peuvent vite partir en dispute, outil puissant pour le harcèlement, etc. Mais personnellement, ce sont aussi des espaces où je peux rencontrer et discuter avec des gens qui partagent des centres d’intérêt : l’imaginaire, l’histoire et notamment l’histoire militaire, etc. J’aurai beaucoup plus de mal à trouver des interlocuteurs sur certains sujets dans le monde « réel ».
Pour faire de la philosophie à deux ronds, je dirai que les réseaux sociaux sont comme beaucoup d’autres choses dans l’existence : utiles mais il faut savoir ne pas en abuser.
28. As-tu des projets d’écriture de fiction, ou est-ce que tu en as eu par le passé ?
Qui n’en a pas eu ? Si l’on oublie quelques bricoles écrites quand j’étais à l’école primaire, j’ai commencé à écrire pendant mes études supérieures et ça a duré une bonne décennie. J’ai eu plein d’idées pour de la SF, de la fantasy, du thriller… J’ai toujours dans un coin de mon disque dur un tas de notes et des piles de fragments de romans. Et tout ça n’a pas mené à grand-chose puisque pour écrire il faut principalement de la discipline et du travail. Deux choses dont je manque singulièrement, étant un fainéant patenté. De tout ça, outre ce stock de choses inachevées, il reste trois nouvelles que je peux considérer comme à peu près complètes.
Il y a quelques temps, j’en ai retravaillé légèrement une que j’ai collé sur mon blog. Un texte très court et très inspiré par Robert Sheckley et Fredric Brown. Si je trouve un jour le temps et l’énergie, je retravaillerai peut-être les deux autres nouvelles, une du même style que la première et l’autre du genre lovecrafterie, et les posterai sur mon blog.
29. Sans y répondre, quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?
Ça ne te soûle jamais de parler autant ?
30. Une dernière chose à dire au lectorat en délire ?
Merci à vous de m’avoir lu et d’avoir tenu jusque-là.
Commentaires
Je ne connaissais pas ce blogueur.
Merci à Anudar et à lui aussi de s’être prêté au jeu.
Excellent. Ca c'est Xavier, non ?
Pour ma pomme, quand Nebal a vu l'intitulé de mon blog j'ai eu droit à une engueulade…
Plaisanterie à part, beaucoup de choses intéressantes dans cette itw.
@Nomic : Quand je suis lancé et que personne ne m'arrête, je peux parler tout seul pendant des heures. :P
@Soleil Vert : Merci. Oui, c'est évidemment Xavier qui a fait cette proposition. Quand on a des amis comme-ça... ;-)