La marche funèbre des marionnettes - Adam-Troy Castro

Bien que j'aie lu le premier volume traduit en français de la série Andrea Cort, je n'ai pour le moment jamais chroniqué Adam-Troy Castro ailleurs qu'ici. Le présent Une Heure-Lumière, qui m'a été offert par son éditeur, l'amène sur les terres du planet-opera ce qui me permet de faire une première participation au Summer StarWars : Ahsoka du RSFBlog.
Résumé :
Sur Vlhan, les autochtones (que l'on appelle souvent "marionnettes") se livrent tous les ans à un Ballet mortel d'une inexplicable beauté, qui attire des curieux venus de toutes les civilisations de la Confédération homsap. Alex Gordon est l'un d'entre eux : exolinguiste, il cherche à résoudre l'énigme du langage des Vlhanis. Mais, alors qu'il s'apprête à observer son troisième Ballet, voici qu'une femme humaine apparaît au milieu des marionnettes ! Qui est-elle ? Et pourquoi les Vlhanis l'ont-elle admise parmi eux ?
L'extraterrestre est une figure d'altérité, c'est une évidence : altérité biologique bien sûr, mais aussi et souvent altérité mentale. Celle-ci constitue le principal argument de ce texte : la communication entre les "marionnettes" et les autres civilisations intelligentes présentes sur Vlhan est limitée voire embryonnaire. Nul ne parvient tout à fait à expliquer la raison d'être de leur étrange et létal festival annuel, mais tous admettent que le spectacle possède une beauté qui transcende les barrières d'espèces. Le Ballet ne remplissant aucune fonction biologique évidente, il doit par conséquent être investi d'un rôle artistique... et comme on le sait, l'art possède pour fonction de communiquer des émotions. Par conséquent, tout se passe comme si les Vlhanis avaient résolu - sans même le vouloir - leur partie du problème de communication avec d'autres espèces intelligentes.

Le Ballet des Vlhanis tient de l'art performatif : sa beauté peut être étudiée, mais elle ne peut figurer au catalogue d'une exposition - sans même aller poser la question de l'acceptabilité de la performance, laquelle est pour le moins violente. Comment dans ces conditions comprendre l'objet du spectacle quand on lui est extérieur ? C'est l'approche adoptée par la participante humaine au Ballet : une intuition lui offre un élément de compréhension, sa volonté l'amène à endurer les transformations physiques nécessaires à son intégration au Ballet, jusqu'à en devenir le pivot... et parachevant sa transformation en œuvre d'art, ce qui d'une façon paradoxale ne résout pas le problème de communication initial : la barrière qu'elle est en train d'abattre entre les marionnettes et elle... s'élève de plus en plus entre elle et ses pairs en humanité.

En SF, l'espace est rempli de surprises. Et celles que recèlent les abysses qui séparent la pensée des êtres intelligents sont, selon ce beau texte, parmi les plus amères... bravo !

 

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