Les blogueurs parlent aux blogueurs : Elwyn

Au début des années 2010, l'excellent Gromovar avait pris une initiative chaleureuse et passionnante : il s'agissait d'interviewer les blogueurs de ce qui était déjà le Planète-SF, réalisant ainsi une oeuvre de connaissance de la blogoSFFFère.
 
En ce début des années 2020, cette communauté a changé : des anciens sont partis, d'autres sont toujours là, et des nouveaux sont arrivés. Le moment, d'après moi, est revenu de faire le point et de nous interroger en tant que blogoSFFFère sur nos aspirations et nos liens communs. Avec la permission de Gromovar, inventeur du concept, je reprends par conséquent la rubrique Les blogueurs parlent aux blogueurs !

Et aujourd'hui, c'est au tour d'Elwyn de nous parler d’elle...






    1. Bonjour, peux-tu te présenter en deux mots (tu peux être aussi brève que tu veux… jusqu’au néant)

Bonjour, bonjour ! Elwyn (Océane dans la vraie vie), probablement la benjamine de la blogosphère SFFF (je fête mon quart de siècle dans un mois) et aussi probablement la plus Suisse de ladite blogosphère (je crois qu’on est très peu ?). Formée en informatique de gestion, je travaille comme cheffe de projet numérique pour une collectivité publique. D’autant que je me souvienne, j’ai toujours lu. Il semblerait même qu’enfant, mon apprentissage de la lecture ait quelque peu ennuyé ma maman qui tentait de raccourcir les histoires du soir en « oubliant » quelques passages (quelle idée !). Ma première « vraie » rencontre avec la littérature de l’imaginaire a été, comme pour beaucoup, Harry Potter, emprunté à mon grand frère lorsque j’avais 7 ou 8 ans. Et depuis… je lis (bien qu’il y ait eu des périodes on/off).


    2. Pourquoi avoir créé un blog ? Est-ce le premier ? Le seul ?

Navigatrice de l’imaginaire n’est pas mon premier blog, il y en a eu un autre lorsque que j’avais 14-15 ans et que je rédigeais sur l’ordinateur du même grand frère à qui j’ai emprunté le premier tome d’Harry Potter. Navigatrice de l’imaginaire est né en 2021, peu après que mon amour pour la lecture me soit revenu (les études et la lecture « scientifique » tuant toute envie de lire pour le plaisir). J’ai rejoint un sympathique groupe Facebook (mordu-e-s forever), et je me suis dit que j’avais bien envie de rouvrir un blog, de regrouper les avis que je postais sur le groupe, et d’avoir un espace d’Internet « à moi ». C’est ainsi qu’à l’automne 2021 j’ai ouvert ce blog, et que je l’alimente de manière plus ou moins régulière, au gré des aléas de ma vie. Ceci étant dit, je pense que ce sera le seul blog consacré à la lecture que j’aurai, et je n’ai pas de projets à ce jour qui me ferait en ouvrir un autre.


    3. Combien de temps y consacres-tu ?

Hormis le temps de lecture, je dirais qu’en moyenne une chronique me prend 2 heures à faire (entre la rédaction, la mise en forme, la préparation de visuels pour Instagram). Les rubriques mensuelles me prennent un peu plus de temps, mais j’essaie de faire une veille tout au long du mois et de les alimenter au fur et à mesure, mais si je devais évaluer, une grosse heure par semaine. Ensuite restent les échanges avec d’autres, avec des ME, mais ça je ne le quantifie pas.


    4. Blogues-tu tout ce que tu lis ?

Non. Souvent, parce que si je ne prépare pas une chronique rapidement (dans les 2-3 jours suivant la fin de la lecture), je perds « l’essence » de ma lecture et n’arrive pas à transmettre ce que je souhaite, même en reprenant mes notes de lectures. Ça m’est également arrivé, notamment pour des services presses, de ne pas chroniquer d’accord avec la ME en question parce le livre ne m’avait pas particulièrement plu, ou que je n’arrivais pas à en ressortir suffisamment d’éléments positifs pour en faire une chronique équilibrée.


    5. As-tu déjà lu certains livres simplement parce que tu te disais que ça pourrait faire un article intéressant pour ton blog ?

De mémoire, non.


    6. Lis-tu en VO ? Si oui, en quelles langues ?

Oui ! En anglais. Pour des auteurices dont je n’avais pas envie d’attendre la traduction. Pour des livres qui étaient réellement moins chers en VO qu’en francs suisses (je pense à la trilogie Rempart/Koli de M.R. Carey dont le premier tome VF coutait les 3 tomes VO en livre numérique, sans l’attente de la publication des tomes suivants).


    7. Blogues-tu avec ou sans roleplay ? Si c’est le cas, que représente ce roleplay pour toi ?

Comme d’autres avant moi, j’ai du mal à comprendre la question, donc la réponse serait « sans ». Je blogue en tant qu’Océane, sous un pseudo, Elwyn, mais en réalité c’est la même personne. Parfois le ton ou le style change, mais je reste moi.


    8. Depuis combien de temps lis-tu de la SFFF ?

Depuis… une grosse quinzaine d’années, depuis ma découverte d’Harry Potter enfant. Je touche à la SFFF « adulte » depuis 3-4 ans maintenant, pas par limitations auto-imposées, mais je me retrouve moins dans la littérature typée « jeunesse » ou « young-adult ».


    9. A quel rythme lis-tu ?

A un rythme anarchique. Je partage la lecture avec d’autres hobbies, principalement le jeu vidéo. Je les fais cohabiter du mieux que je peux. En y rajoutant une vie professionnelle et sociale, je peux passer 1 à 2 mois sans lire parce que je n’en ai pas l’énergie. Je dirais que mon rythme de croisière en période calme est d’un à deux titres par semaine.


    10. Que trouves-tu dans nos littératures de genre ?

J’ai une préférence pour la science-fiction, et ce que j’aime avec ce sous-genre, c’est son ancrage très fort dans la réalité et le plausible, mais tout en offrant de l’évasion et des perspectives de meilleur (ou de pire).


    11. Partages-tu cette passion avec ton entourage ?

Peu. Mes ami-e-s lisent peu, pas. Ma maman lit, mais pas de l’imaginaire. Mon compagnon lit très peu d’imaginaire (par contre je peux tout lui raconter et c’est chouette), mais il aime beaucoup la philosophie et au fil des discussions, on remarque que beaucoup de titres de SFFF ont, parfois malgré eux, des réflexions philosophiques qui y sont rattachés.


    12. Quelle a été ta première lecture SFFF ? Te souviens-tu de l’occasion qui t’a amené à cette lecture ?

Je l’ai mentionné quelques fois déjà, mais Harry Potter à l’école des sorciers, trônant sur l’étagère au-dessus du lit de mon frère. Peut-être est-ce également le moment de mentionner que je n’adhère en aucun cas aux positions de son autrice. Malgré cela, je garde un attachement émotionnel à la saga.


    13. Peux-tu nous décrire un (ou plus) grand souvenir de SFFF ?

Ce n’est pas un souvenir de lecture, mais je dirais que c’est mon déplacement aux Utopiales 2022. Il m’a permis de mesurer réellement, physiquement les relations que je m’étais fait à distance, avec la blogosphère, le monde de l’édition, les mordu-e-s. J’en garde un souvenir très cher et me réjouis d’y retourner bientôt.


    14. Quel est le livre qui t’a le plus marqué récemment ? (Répondre sans réfléchir)

Ma lecture date déjà d’il y a plus d’un an, mais je dirais que c’est Éversion d’Alastair Reynolds. Une lecture coup de poing et mindfuck comme j’en ai rarement eu.


    15. Vers quelle étiquette SF, F, ou F, va ta préférence ? Et pourquoi ?

Définitivement vers l’étiquette SF. Je la préfère pour le point d’ancrage solide dans notre réalité qu’elle offre, et vers les futurs possibles qu’elle décrit. On le retrouve notamment en sous-genre post-apocalyptique. J’aime bien lire (et me donner de l’espoir) sur la société.


    16. Comment ont évolué tes goûts entre tes débuts en SFFF et aujourd’hui ?

Je pense que le principal point d’évolution est la rigueur que je souhaite retrouver dans mes textes, je suis probablement devenue un peu plus exigeante dans mes lectures. Je lisais également plus facilement de la fantasy plus jeune, probablement parce que j’étais en recherche de moi-même et que je m’identifiais plus facilement à ces personnages souvent badass qu’on retrouve dans ce type de littérature. Maintenant, moi en tant que personne je suis plutôt badass (je crois, j’espère, par moments).


    17. Quels sont tes auteurs préférés ? Pourquoi ?

Deux me viennent en tête : M.R Carey, pour la magnifique construction de ces textes et la douceur qui en ressort, au moins dans la plupart des textes. Alastair Reynolds pour sa capacité à me provoquer de l’émerveillement et du wow à chaque lecture. Un vrai maître du sense of wonder. Si ce n’est (pas encore ?) un auteur préféré, une mention pour Ray Nayler dont j’ai vraiment apprécié le recueil Protectorats pour ses nouvelles au point. Je me réjouis de le découvrir cet automne en format plus long.


    18. Y a-t-il des livres que tu regrettes d’avoir lu (temps perdu) ? D’autres que tu aurais regretté de ne pas voir lus ?

Je crois que je n’ai pas de texte que je regrette réellement d’avoir lu. Parfois, je me dis que j’aurais dû abandonner d’autres textes qui clairement n’étaient pas faits pour moi. Mais j’admets que c’est quelque chose que j’ai encore du mal à faire. Quant aux livres pas encore lus… difficile d’avoir des regrets.


    19. Y a-t-il des auteurs dont tu lis tout (ou voudrais pouvoir tout lire) ?

Bah, clairement, ceux que j’ai mentionnés en favoris. J’y ajoute peut-être encore N.K Jemisin, car je souhaiterais la découvrir au-delà des livres de la Terre fracturée. Une autrice que j’aime beaucoup, mais dont je n’ai pas encore découvert tous les textes est Emily St-John Mandel.


    20. Vas-tu voir les auteurs sur les salons ? Ramènes-tu des interviews, des photos, des dédicaces ?

Dans la mesure du possible oui, mais je participe à peu de salons. En Suisse, il en existe peu, ou du moins pas avec des programmations qui m’intéressent. Quant à ceux tenus en France, ils demandent un investissement logistique et financier que je ne peux pas me permettre autant que je le souhaiterais. Je ramène donc des dédicaces, et peut-être dans le futur je l’espère, des interviews.


    21. Que penses-tu de l’œuvre de Bernard Werber ? Et de celle de Maxime Chattam ?

Je n’ai lu aucun des deux, donc je ne peux pas me prononcer.


    22. Tes fournisseurs : librairies, bouquinistes, Internet ?

Un mix des trois, même si c’est principalement mon libraire.


    23. BD, comics, mangas, ou non ?

Peu. Je découvre doucement le format BD.


    24. Lis-tu aussi de la littérature « blanche » ? Si oui, qui aimes-tu particulièrement parmi les auteurs étiquetés « blanche » ?

Très peu. J’admets lire un peu de littérature « comédie romantique » quand j’ai besoin d’un peu de douceur ou de faire une pause. Je crois que les études et les lectures de supports et de littérature scientifique ont un peu tué toute l’envie de lire du non-imaginaire, même quelques années après.


    25. Tentative de Weltanschauung : qu’aimes-tu comme musique ? Comme cinéma ? Quel est ton loisir favori ? Plutôt matérialiste ou idéaliste ?

J’ai deux grosses playlists : l’une avec du rock/métal des années 90s et 00s, l’autre avec de la chanson et de la variété française. Je ne vais jamais au cinéma ni même regarde beaucoup de films (et séries) à la maison. J’ai du mal à rester concentrée sur des durées telles. Par contre, quand j’en regarde, cela reste souvent de l’imaginaire. Mon loisir favori est les jeux vidéos, en ligne, avec des amis que je m’y suis faits. Matérialiste ou idéaliste ? Je dirais ni l’un ni l’autre. J’essaie de favoriser les expériences et le moment présent. Après, forcément, le matériel sert souvent de support à ces derniers.


    26. As-tu une liseuse ? Quel est ton rapport à la lecture numérique ?

Oui ! Mon rapport était initialement craintif. Mais l’essayer c’est l’adopter, même si je ne l’utilise pas exclusivement. Je la trouve pratique en déplacement, pratique dans je dois partager un bras avec mon chat le soir au lit, et pratique pour remplacer le scroll sur le téléphone, le toucher étant relativement similaire pour mon cerveau. C’est confortable.


    27. Quel est ton rapport à Internet ? Connecté depuis longtemps ? Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?

Réellement connectée depuis une dizaine d’années, mais encadrée donc j’estime mon rapport sain. Les réseaux sociaux, j’y suis, mais avec parcimonie et m’en suis vite lassée. Quant à Internet à son ensemble, j’en suis un peu dépendante pour énormément d’aspects de ma vie, mais survis sans.


    28. As-tu des projets d’écriture de fiction, ou est-ce que tu en as eu par le passé ?

J’en ai eu le fantasme, mais je n’ai pas de projets.


    29. Sans y répondre, quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?

Comment tenir un blog, faire partie d’une communauté a changé ton rapport à la lecture ?


    30. Une dernière chose à dire au lectorat en délire ?

Merci à Anudar de m’avoir proposé cet exercice assez introspectif. Merci de m’avoir lue. J’essaie de revenir vite, mais la vie a été un peu compliquée ces dernières semaines. Et au plaisir de lire et d’échanger encore un peu plus !

Commentaires

tadloiducine a dit…
Intéressante, la remarque que les liens entre SDF et philosophie! Bah oui: qui sont-ils, d'où viennent-ils et dans quel état èrent-ils - c'est bon, je sors.
Nan, plus sérieusement, les "rapports sociaux" soit expresssément décrits soit juste "suggérés" en toile de fond dans tels ou tels romans où saga peuvent amener à réfléchir et à comparer avec ce que nous savons/croyons/vivons, et c'est intellectuellement stimulant.
Bravo pour ce témoignage, qui permet d'en savoir davantage sur la blogueuse.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Encore une fois, merci Anudar pour la réalisation de cet exercice étrange (je suis rarement introspective sur mon activité de blogueuse), mais toutefois bien sympathique !
shaya a dit…
Belle introspective, ce n'est pas un exercice simple que de réfléchir à sa pratique de blogging !