Les fils enchevêtrés des marionnettes - Adam-Troy Castro
Il y a quelques semaines je parlais de La marche funèbre des marionnettes, UHL signé Adam-Troy Castro. Comme son titre le laisse à penser, ce volume en constitue un genre de suite.
Résumé :
Paul Royko est un shooter de neuropics, des enregistrements de ses expériences de vie que son employeur commercialise ensuite à son public. Ce dernier appréciant les expériences hors du commun, c'est sur Vlhan qu'on l'envoie : sur ce monde sans réelle civilisation, les autochtones se livrent tous les ans à un mortel ballet que des spectateurs humains ou extraterrestres apprécient. Or, dix ans plus tôt, une femme porteuse de lourdes modifications s'est introduite dans le ballet des "marionnettes" et a aussitôt démontré que l'humanité pouvait y contribuer... produisant un nouvel intérêt pour ce macabre spectacle et justifiant la mission de Royko. Sur Vlhan, il va rencontrer trois personnes dont deux vont transformer sa vie en profondeur... et la moindre des trois pourrait bien être Shalakan, une nouvelle venue sur la scène et donc promise à la mort dans le prochain ballet...
Retour sur Vlhan où l'extraordinaire - soit donc, une participation humaine à une performance artistique extraterrestre - est devenu habituel. Pour un être humain, envisager de participer au ballet implique de subir une torture chirurgicale - les membres humains ne sont pas adaptés à la danse du ballet, il faut donc transformer bras et jambes pour leur conférer l'extensivité comme la flexibilité requises - et d'admettre que l'on est en train de signer son propre arrêt de mort - comme en témoignait le précédent volume, les autochtones ou "marionnettes" n'admettent pas que l'on rétracte sa participation une fois celle-ci engagée.
L'univers étant vaste et l'humanité peu raisonnable, il se trouve des individus de plus en plus nombreux prêts à endurer souffrance et perspective de l'annihilation finale afin de contribuer à un projet dont la démesure temporelle frappe l'imagination. A ce jeu, beaucoup de perdants : les autorités tout d'abord, qui ne comprennent pas comment juguler le phénomène dont elles perçoivent qu'un jour il pourrait conduire à la mort simultanée de millions d'illuminés ; parmi ceux-ci et ensuite, les individus qui échouent sur leur chemin de transformation et qui en s'acharnant renient toujours plus leur humanité biologique ; et enfin même ceux qui ont compris ce que le ballet va offrir à l'univers... mais savent qu'ils n'en verront jamais l'aboutissement.
Le précédent volume était tonique et même nerveux, celui-ci s'avère plus lent, mais il prend soin d'élaborer un peu sur leurs concepts communs - lesquels sont assez originaux, faut-il le répéter... Là où le précédent questionnait l'intelligibilité mais aussi l'acceptabilité de l'art, celui-ci interroge plutôt quant à celles de la transformation de l'être humain. Vouloir comprendre l'incompréhensible - vouloir participer à un projet qui dépasse l'essence même de l'humanité - a des conséquences : est-il prudent d'aller sur ce chemin ? Dans sa quête, l'artiste peut bénéficier d'une compréhension qui échappe au commun des mortels mais en voir la mise en œuvre entravée par des blocages physiques : le don, parfois, se fait malédiction pour qui ne parvient à le réaliser par la pratique. Malheureux celui qui va s'entêter en passant outre les avertissements toujours plus pressants que ses capacités lui adresseront : l'art, quand il est performance, peut devenir cruel... jusque dans l'espoir qu'il offre à l'artiste.
Que dire, au terme de cette lecture, sinon que l'on espère (que l'on attend ?) une troisième livraison : celle qui, enfin, éclaircirait un peu les mystères de Vlhan... si tant est que ceux-ci soient plus extraterrestres qu'humains.
Ne manquez pas les avis de : FeydRautha, ...
Commentaires
Mais malheureusement je crains que nous n'ayons pas l'occasion de replonger dedans d'ici tôt !